Macadam exquis : le rap français pouvoir et jouissance de l'écriture
Auteur / Autrice : | Mathis Cornet |
Direction : | Jean-François Durand |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | LITTERATURES FRANCAISES, COMPAREES spécialité Littérature comparée |
Date : | Soutenance le 23/06/2015 |
Etablissement(s) : | Montpellier 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale 58, Langues, Littératures, Cultures, Civilisations (Montpellier ; 2015-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Représenter inventer la réalité du romantisme au XXIe siècle (Montpellier) |
Jury : | Président / Présidente : Jean Arrouye |
Examinateurs / Examinatrices : Suzanne Lafont | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Christian Petr |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Né en dehors de la Littérature et des débats qu'elle entretient sur elle-même, le rap français n'en réactive pas moins les fonctions primordiales; en effet, de par leur participation au scriptural le plus obstiné comme à l'oralité la plus vive, les rappeurs nous rappellent, en faisant pour ainsi dire offrande de leur voix, que l'écriture poétique consiste toujours en un usage intensif du langage qui, au-delà de toute portée communicationnelle, s'acharne à faire jaillir des mots toute leur prodigieuse musicalité, picturalité, matérialité, et bien plus. Non pas « bien écrire », car cela n'est rien, mais faire délirer la langue, afin d'en revenir à l'émotion primordiale, au pouvoir et à la jouissance qu'elle procure. Évidemment, les rappeurs ne disent rien d'autre que ce que disaient déjà Céline, Artaud, pour ne citer qu'eux, quant aux capacités respiratoires décidément enfouies dans cette langue officielle qu'il faudra décidément secouer de tous les spasmes amoureux, cruels. En un premier chapitre génésique, nous arracherons le rap français c'est-à-dire notre corpus, à la culture mondiale du hip-hop pour lui reconnaître un droit au particularisme, à l'atavisme bien français. Nous verrons alors à travers la « petite invention » du flow (l'expression est célinienne), comment les rappeurs révèlent ce tiers-lieu fragile entre l'écrit et l'oralité, le papier muet (l'est-il jamais vraiment ?) et la gorge. Ce tiers-lieu, c'est aussi celui de la périphérie proprement banlieusarde que les rappeurs célèbrent à l'envi. Nous verrons ici comment les rappeurs rejetés aux lisières, et donc partant d'une situation d'étrangeté flagrante, ont su faire de cette minorité subie une véritable esthétique de la périphérie, mais plus encore, l'angle privilégié pour procéder à un usage intensif de la langue normative. Faire délirer la langue a un prix, celui de délirer avec, et partant, d'expérimenter les devenirs qui traversent alors cette écriture poétique, laquelle engage jusqu'au corps même de l'écrivain. Notre dernier axe d'étude sera donc consacré à cette grande question du moi je écrivant en littérature à laquelle les rappeurs semblent avoir apporté une réponse probante et même un terme consacré, l'egotrip.