Thèse de doctorat en Eco-éthologie
Sous la direction de Sabrina Krief et de Emmanuelle Pouydebat.
Soutenue en 2015
à Paris, Muséum national d'histoire naturelle , dans le cadre de École doctorale Sciences de la nature et de l'Homme - Évolution et écologie (Paris) .
Le président du jury était Ermanno Candolfi.
Le jury était composé de Pascaline Le Gouar, Serge Bahuchet, Doyle Mickey.
Les rapporteurs étaient Odile Petit, Kristiaan D'Août.
La conservation du Chimpanzé, espèce menacée, implique de mieux comprendre les interactions de cette espèce avec l’Homme. Les objectifs de cette thèse ont été (1) de déterminer les risques associés aux interactions hommes-chimpanzés et (2) d’évaluer la flexibilité des chimpanzés face à ces risques. Cette étude a été mise en place dans la zone de Sebitoli (Parc national de Kibale, Ouganda) où des perturbations anthropiques - exploitation forestière, route bitumée, braconnage - sont apparues récemment. Une approche pluridisciplinaire a été privilégiée associant éthologie, écologie, ethnoécologie, médecine vétérinaire et morphologie fonctionnelle. Les chimpanzés subissent les effets de la proximité humaine sur leur santé : partage d’espèces de parasites, malformations congénitales et mutilations des membres par piégeage. Alors que les chimpanzés sont attirés par les aliments domestiques cultivés aux bordures, ces derniers prennent en compte la dangerosité liée à la proximité des hommes : vérification du trafic routier, comportement d’attente des mâles adultes envers les individus vulnérables lors des traversées de route, pillages des cultures la nuit ou en l’absence des agriculteurs. Les chimpanzés avec des déformations des membres présentent une efficacité alimentaire comparable aux individus valides et ne sont pas isolés de leur groupe social. Ce travail a enrichi nos connaissances sur le potentiel de cohabitation des chimpanzés avec les hommes et sur leur flexibilité face aux changements. Néanmoins, une augmentation de la pression humaine, même minime, pourrait conduire à une exacerbation des conflits et menacer rapidement la survie des chimpanzés dans cette région.
Chimpanzees in an anthopogenically-impacted habitat : health, behavioral, functional and social consequences
The preservation of threatened species, such as chimpanzees, implies a better understanding of their interactions with humans. The objectives of this PhD were to (1) determine risks associated to the human-chimpanzee interactions and (2) evaluate the chimpanzees’ flexibility in response to these risks. This study was conducted in the Sebitoli area (Kibale National Park, Uganda), which has suffered from recent anthropological disturbances (logging, asphalted road, poaching). A pluridisciplinary approach gathering ethology, ecology, ethnoecology, veterinary medicine and functional morphology was set up. Chimpanzees suffer from the effects of human proximity on their health: the same parasite species as humans, congenital anomalies and limb mutilations resulting from snares. Whereas chimpanzees are attracted by domestic crops at the borders, they take into account the danger linked to human proximity: checking the road traffic, waiting behaviours from adult males towards vulnerable individuals while crossing the road, crop raiding during the night or when farmers are absent. Chimpanzees with limb deformities present the same food efficiency compared with able-bodied individuals and they are not isolated from their social group. This work has enriched our knowledge on the chimpanzees’ potential of cohabitation with humans and their ability to adapt to change. Nevertheless, an increase of the human pressure, even small, could exacerbate conflicts and rapidly threaten chimpanzees’ survival in the region.