La question du système dans le Zibaldone de Giacomo Leopardi
Auteur / Autrice : | David Jérôme |
Direction : | Bruno Pinchard |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 19/09/2015 |
Etablissement(s) : | Lyon 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de philosophie (Lyon ; Grenoble ; 2007-....) |
Jury : | Président / Présidente : Pierre Girard |
Examinateurs / Examinatrices : Bruno Pinchard, Pierre Girard, Perle Abbrugiati, Emmanuel Cattin, Philippe Audegean | |
Rapporteur / Rapporteuse : Perle Abbrugiati, Emmanuel Cattin |
Résumé
Le Zibaldone est le grand journal de pensées de Giacomo Leopardi (1798-1837). Le jeune philologue et poète y consigne, sur près de quinze ans (1817-1832) et plus de 4500 pages, des pensées qu’il nomme « de philosophie variée et de belle littérature ». Et en effet, c’est bien la variété, et même la plus étonnante bigarrure qui caractérisent ce monumental magasin d’écriture : bigarrure des matières brassées (théorie de la connaissance, métaphysique, anthropologie, politique, morale, esthétique, autobiographie) ; bigarrure de ses formes (aphorisme, anecdote, maxime, remarque, citation, note érudite, essai) ; bigarrure de ses tonalités (tour à tour sarcastique ou sérieuse, docte ou familière, polémique ou poétique) ; intensité variable de ses rythmes d’écriture etc. Le Zibaldone apparaît donc tout d’abord comme un flux discontinu et disparate de pensée. Cependant, Leopardi n’entend pas y exposer une rhapsodie de vérités isolées et fragmentaires mais une véritable philosophie, un authentique système philosophique. « Il mio sistema » : « mon système se fonde sur un scepticisme raisonné », « mon système ne se fonde pas sur le christianisme mais s’accorde avec lui », « mon système ne détruit pas l’absolu mais le multiplie » etc. La philosophie de Leopardi se place sous le signe d’une assomption répétée et explicite de la systématicité : « il n’existe pas de philosophe véritable sans système ». Affronter la question du système revient alors pour lui à affronter la question de l’ordre. Il ne s’agit pas d’une simple velléité mais d’une exigence aussi bien méthodologique qu’ontologique. Manquer d’esprit de système c’est manquer d’ordre, et c’est surtout manquer l’essence même du réel, de la nature en tant que totalité , une nature qu’il ne saurait concevoir autrement, elle aussi, que comme un système et comme un ordre. Quel est donc l’ordre du système léopardien ? Et dans quelle mesure celui-ci épouse-t-il l’ordre du système de la nature ? Quel est leur fondement commun ? Répondre à ces questions revient à parcourir l’ensemble du manuscrit et à montrer en quoi cette totalité mouvante, ouverte et réticulaire qu’est le Zibaldone est le seul lieu à même d’accueillir une pensée placée devant l’urgence de statuer sur les guises de l’existence et de la contradiction.