Thèse soutenue

Voyage vers un autre Japon. Le département d'Okinawa comme laboratoire du tourisme des étrangers au Japon

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JA
Auteur / Autrice : Mike Perez
Direction : Jean-Pierre Giraud
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sc sociales
Date : Soutenance le 07/05/2015
Etablissement(s) : Lyon 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon)
Jury : Président / Présidente : Isabelle Lefort
Examinateurs / Examinatrices : Isabelle Lefort, Mathis Stock, Philippe Pelletier, Yves Marie Allioux
Rapporteurs / Rapporteuses : Mathis Stock, Philippe Pelletier

Résumé

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Si le Japon est reconnu comme un pays émetteur de touristes internationaux durant la seconde moitié du XXe siècle, son gouvernement met en œuvre dès le début du XXIe siècle des politiques visant à inverser cette tendance : l’Archipel veut s’imposer comme une destination touristique majeure au niveau international. L’enjeu que représentent les touristes étrangers dans les politiques nationales est souligné à travers l’histoire du pays. Un état des lieux sur la situation actuelle du tourisme des étrangers sur le territoire japonais est ensuite proposé sur la base de plusieurs indicateurs, débouchant sur des modèles structuraux. Parmi eux, le département d’Okinawa apparait comme la zone la plus touchée par le phénomène touristique, d’autant plus que la structure spatiale des espaces touristiques dans ce petit archipel reproduit le système observé à l’échelle nationale, justifiant de focaliser l’analyse sur cette collectivité territoriale. Pour évaluer la pertinence du tourisme international à Okinawa, l’approche adoptée repose sur une analyse cartographique et des travaux de terrain. Centrés sur le chef-lieu d’Okinawa, la ville de Naha, ces travaux regroupent des enquêtes d’opinion à propos des touristes étrangers menées auprès des commerçants, des entretiens avec des fonctionnaires et des entreprises, mais aussi des relevés relatifs à l’affichage des langues étrangères dans les boutiques. Les résultats de ces travaux sont ensuite décomposés en quatre catégories : l’impact économique, les rapports sociaux, les représentations symboliques et les échanges culturels. Des disparités émergent au sein de la ville, ainsi qu’un manque d’adaptation de la part des locaux vis-à-vis de la clientèle étrangère, notamment en matière de communication. L’appareil touristique local est conçu pour répondre à une clientèle domestique et, en ce sens, la croissance des arrivées de voyageurs étrangers s’accompagne d’une série de problèmes. Néanmoins, une « proximité culturelle » s’établit à l’égard de certaines nationalités de touristes. En parallèle, non seulement une hiérarchie des attraits culturels se dessinent mais aussi l’ensemble du système de représentation touristique se complexifie lorsqu’il est appréhendé à travers le spectre des touristes internationaux.Le champ d’observation prend ensuite du recul afin de recontextualiser cet état des lieux dans la perspective des politiques nationales. Ces dernières ont gagné en cohésion au fur et à mesure qu’émerge au Japon une volonté décentralisatrice. Aujourd’hui, le tourisme relève en grande partie de la responsabilité des collectivités territoriales, vis-à-vis desquelles Okinawa fait figure de précurseur, sinon de pilote. En outre, la gestion publique du tourisme est largement inscrite dans une tendance libérale, marquée par des privatisations et un rapprochement entre acteurs publics et privés. Le tourisme international apparait comme une solution pour résoudre en partie des problèmes internes (baisse démographique, contraction future de la demande intérieure, dynamisme socioéconomique des espaces en déclin), de même qu’il doit amener, du point de vue culturel, une meilleure compétitivité du pays en termes de rayonnement (en particulier par rapport aux autres pays asiatiques), ainsi qu’une « ouverture » identitaire.En somme, cette thèse emprunte essentiellement à la géographie du tourisme, usant de concepts tels que la touristification, l’attrait et l’attractivité culturelle. Elle propose une étude inédite du territoire japonais perçu en tant qu’espace du tourisme international, de même qu’elle intègre dans cette analyse la question du rapport à l’Autre, de l’interaction entre trois échelles (locale, nationale, transnationale). Surtout, elle met en lumière de nouveaux éléments de connaissance sur Okinawa, ce Japon « autre » qui révèle certaines réalités de l’Archipel.