Gouverner les institutions par le futur : usages de la prospective et construction des régions et des métropoles en France (1955-2015)
Auteur / Autrice : | Nicolas Rio |
Direction : | Gilles Pinson |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance le 09/10/2015 |
Etablissement(s) : | Lyon 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Triangle : Action, Discours, Pensée politique et économique (Lyon ; 2005-....) |
Entreprise : Acadie-Reflex (Paris) | |
Jury : | Président / Présidente : Philippe Zittoun |
Examinateurs / Examinatrices : Gilles Pinson, Charlotte Halpern, Daniel Béhar | |
Rapporteur / Rapporteuse : Jenny Andersson |
Résumé
À quoi sert la prospective ? Telle est la question de cette recherche sur les usages du futur par les régions et les métropoles en France depuis 1955. À quel moment la prospective est-elle mobilisée, par qui et selon quelles modalités ? En comparant seize démarches menées sur quatre territoires (Nantes, Lyon, Pays de la Loire et Rhône-Alpes), la thèse démontre que la prospective est moins utilisée pour agir sur le long terme que pour gouverner les institutions. En croisant la sociologie des institutions avec l’approche discursive des politiques publiques, ce travail développe le concept d’énoncé d’institution pour analyser la fonction de ces démarches. Relancée à intervalles irréguliers mais toujours éphémère, l’activité prospective correspond à une tentative des acteurs pour énoncer l’institution et construire une coalition discursive autour de cette définition. À travers l’élaboration d’un tel énoncé, les porteurs de ces démarches poursuivent trois objectifs : démontrer l’unité de l’institution, en justifier l’utilité et en revendiquer le pilotage. La thèse distingue quatre générations de démarches prospectives, correspondant chacune à un usage spécifique du futur : exister par anticipation à travers la planification à long terme (1955-1983), susciter un besoin d’institution malgré la résistance des notables locaux (1983-1995), affirmer la vocation stratégique de l’institution par la formulation d’un projet transversal (1995-2004) et atténuer les contradictions de l’action publique territoriale par la construction d’un discours politique consensuel (2004-2015). En s’intéressant au travail discursif des acteurs locaux plutôt que d’étudier les réformes nationales et leurs mises en œuvre, ce travail apporte un nouvel éclairage sur l’institutionnalisation des régions et des métropoles. Il révèle l’importance de ces énoncés pour faire tenir l’institution face au poids des dynamiques centrifuges, territoriales et sectorielles.