Thèse soutenue

Journalisme et influence politique pendant la révolution de 1848 : l’exemple de la Nouvelle gazette rhénane
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Auteur / Autrice : Gudrun Mattes
Direction : Anne-Marie Saint-Gille
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Etudes germaniques
Date : Soutenance le 02/03/2015
Etablissement(s) : Lyon 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Langues et cultures européennes (Bron, Rhône-Alpes)
Jury : Président / Présidente : Jean-Paul Cahn
Examinateurs / Examinatrices : Fritz Taubert, Ralf Zschachlitz
Rapporteurs / Rapporteuses : Fritz Taubert

Résumé

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Notre travail a comme objectif d’étudier la fonction de la Nouvelle gazette rhénane pendant la révolution de 1848 en Allemagne. A partir d’un corpus constitué des numéros du journal, y compris les éditions spéciales et les suppléments, notre étude analyse la conception du journal voulue par ses fondateurs, sa réalisation journalistique ainsi que l’évolution de sa ligne politique. Comme outil d’analyse nous nous appuyons sur la notion de l’espace public, notamment de l’espace public bourgeois, conçue par Jürgen Habermas en 1961, mais aussi sur les notions d’un espace public plébéien et d’un espace public prolétarien que la recherche a développées entre-temps. Après avoir étudié l’état de l’espace public en Allemagne, l’évolution du mouvement ouvrier avant et au début de la révolution et les prémices de la Nouvelle gazette rhénane, nous développons l’hypothèse que le journal fut un projet indépendant, explicitement conçu pour l’espace public bourgeois, en parallèle avec le projet de la Ligue des communistes qui, elle, a été créée à l’attention du mouvement ouvrier et pour l’espace public prolétarien naissant. La conception de la Nouvelle gazette rhénane puise ses sources dans les analyses de ses fondateurs, notamment de son rédacteur en chef Karl Marx, notamment en ce qui concerne la situation en Allemagne et en Europe. Suivant ces analyses, le journal a l’exigence de peser sur le cours de la révolution. L’idée de départ est de faire pression sur les parties progressistes de la bourgeoisie. En conséquence sa stratégie est de s’insérer dans le mouvement démocrate afin de pousser les démocrates vers une politique de confrontation avec la monarchie absolue. En s’adaptant au début de son existence aux critères de l’espace public bourgeois, la Nouvelle gazette rhénane correspond aux critères d’excellence de son époque : son travail rédactionnel, son organisation, sa production matérielle et sa distribution sont à la pointe du journalisme politique. Notre étude statistique des articles concernant l’Allemagne et l’étranger montre qu’il s’agit d’un journal prussien qui bénéficie d’un réseau dense de correspondants dans les régions et les Etats d’Allemagne ainsi qu’en Europe. Un accent particulier est porté sur les informations venant des pays européens. Ce fait s’explique par la conception européenne que le journal a de la révolution de 1848.La particularité du journal est à notre sens qu’il a accompagné toutes les modifications de l’espace public pendant la révolution. Sa politique se caractérise par la défense de la révolution et en premier lieu la défense de la liberté de la presse. Confronté à un morcellement et une destruction partielle de l’espace public bourgeois, sa ligne politique évolue d’une critique de la politique des parlements de Francfort et de Berlin vers une ligne de plus en plus insurrectionnelle. Notamment pendant les crises de septembre et de novembre, son influence sur les démocrates est notable sans qu’elle puisse s’imposer entièrement. En réaction à un bilan négatif de la politique du mouvement démocrate, ses rédacteurs quittent leurs fonctions dirigeantes au sein du mouvement au printemps 1849 pour intégrer la fraternité ouvrière (Allgemeine Deutsche Arbeiterverbrüderung) de Leipzig. Cette décision correspond à une orientation vers l’espace public prolétarien ; le processus de cette réorientation est cependant interrompu par la fin de la révolution et ne pourra pas se concrétiser.