Thèse soutenue

La femme entre raison et religion : Les Américaines ou La preuve de la religion chrétienne par les lumières naturelles de Marie Leprince de Beaumont

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Auteur / Autrice : Ramona Herz
Direction : Catriona SethRotraud von Kulessa
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues, littératures et civilisations
Date : Soutenance le 30/11/2015
Etablissement(s) : Université de Lorraine en cotutelle avec Universität Augsburg
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale SLTC - Sociétés, Langages, Temps, Connaissances (Nancy ; 2013-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Littératures, Imaginaire, Sociétés (Nancy)
Jury : Président / Présidente : Alain Muzelle
Examinateurs / Examinatrices : Hanno Ehrlicher
Rapporteurs / Rapporteuses : Nadine Bérenguier, Marie-Emmanuelle Plagnol-Diéval

Résumé

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Marie Leprince de Beaumont compte parmi les auteurs les plus lus de la littérature d’éducation au XVIIIe siècle en France et en Europe. Si la série de ses Magasins a été sujet de nombreuses analyses, la recherche s’intéresse seulement depuis quelques années à la diversité qu’offre sa production littéraire intégrale. Ce travail sur Les Américaines ou La preuve de la religion chrétienne par les lumières naturelles s’inscrit dans ce regain d’attention. Notre étude présente divers aspects du texte de façon approfondie et tient compte de la réalité littéraire, philosophique et historique afin de positionner l’ouvrage dans l’œuvre entière de l’auteure et dans le champ littéraire de l’époque.Une première approche livre la présentation générale de l’ouvrage. Dans cette partie, la genèse et les différentes éditions des Américaines sont exposés. En outre, la structure et les personnages sont présentées et le titre expliqué. Enfin, le texte est examiné par rapport à sa place dans l’œuvre entière de Marie Leprince de Beaumont. Trois analyses approfondies se joignent, à savoir l’aspect éducatif et la mise en place de l’apologétique ainsi que des querelles des sexes dans Les Américaines.En premier lieu, le caractère éducatif du texte repose sur la continuité pédagogique des Magasins. En général, la pédagogie de Marie Leprince de Beaumont unie les idées lockéennes, fort populaires à son époque, et cartésiennes, qu’elle reprend en majorité de Fénelon et de la marquise de Lambert. Les quatre préceptes de la méthode scientifique établie par Descartes dans le Discours de la méthode peuvent être compris comme le fil rouge de la stratégie éducative dans Les Américaines. Ensuite, l’instruction s’enrichit de la forme dialoguée. Le dialogue permet la vulgarisation du savoir, la performativité met l’apprentissage directement en scène.En second lieu, l’analyse des stratégies de la défense de la foi tient compte de la position de la littérature apologétique au XVIIIe siècle. Il s’avère que la terminologie établissant une dichotomie entre « Lumières » et « Anti-Lumières », ne répond finalement que peu à la pluralité des voies de pensée qui forment l’esprit polyvalent de cette époque. En effet, Marie Leprince de Beaumont et son œuvre peuvent exemplifier la jeune notion « Lumières catholiques ». Ses sources d’inspiration sont notamment les idées métaphysiques de Descartes et les théories théologiques de Pascal. Ensuite, le dialogue entre la philosophie et la religion avec la réalité du XVIIIe siècle et l’image de la Réforme jouent un rôle important dans l’argumentation apologétique de l’auteure. Enfin, les sources de Marie Leprince de Beaumont sont reconstituées.Un troisième axe d’analyse porte sur les querelles des sexes dans Les Américaines. Tout d’abord, la terminologie autour de la notion « querelle des femmes » et l’impact du cartésianisme dans ce même débat sont pris en compte. Une influence majeure paraît être l’œuvre et les théories de Poulain de la Barre, sans que sa réception chez Marie Leprince de Beaumont puisse être prouvée. Nous nous intéressons ensuite aux représentations du féminin dans Les Américaines. L’image de la femme chrétienne ainsi que l’accès de la femme au savoir semblent être les deux centres d’intérêt privilégiés de l’auteure.Dans la conclusion, la réception du texte est évoquée et un bilan est tiré. Il semblerait que quelques aspects dans Les Américaines sont quelque peu « retardés ». Ce retardement peut s’expliquer par l’objectif de l’éducatrice de vendre au mieux sa défense de la foi tout en ayant du succès en tant que femme auteur à son époque.