Thèse soutenue

"Combattre Justement" au 20e siècle : pourquoi les armes disparaissent du champ de bataille ?

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Auteur / Autrice : Marine Guillaume
Direction : Ariel ColonomosMichael W. Doyle
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 15/06/2015
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques en cotutelle avec Columbia university (New York, N.Y.)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de Sciences Po (Paris ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches internationales (1952-.... ; Paris)
Jury : Président / Présidente : Frédéric Ramel
Examinateurs / Examinatrices : Ariel Colonomos, Michael W. Doyle, Thierry Balzacq, Thomas Lindemann, Christopher Kutz
Rapporteurs / Rapporteuses : Thierry Balzacq, Thomas Lindemann

Résumé

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Pourquoi certaines armes disparaissent des champs de bataille tandis que d’autres ne cessent d’y être déployées? Afin de répondre à cette question, notre travail entreprend d’analyser sous un angle inédit l’influence du droit de la guerre (jus in bello) dans le choix des acteurs (gouvernements et militaires) d’utiliser une arme plutôt qu’une autre. Plus précisément, il s’attache à démontrer que les perceptions collectives de ce que proscrit ou autorise le droit de la guerre concernant les conditions d’utilisation des armes (conceptualisées sous le nom de meta-norme du « combattre justement ») est décisif dans la manière qu’ont les acteurs d’appréhender, évaluer et utiliser leur armement. A travers l’analyse des trajectoires de trois armes différentes (armes chimiques, armes incendiaires et drones de combat) fondée sur des données objectives, archives et sources secondaires, nous démontrons que chacun des pics significatifs de l’utilisation de ces armes s’explique aussi par des changements importants dans les perceptions collectives du « combattre justement ». Ainsi, les acteurs cessent d’utiliser leurs armes, ou prétendent cesser, quand ils ne parviennent plus à justifier et démontrer que leur utilisation s’accorde avec leurs perceptions collectives du « combattre justement », et vice versa. In fine, notre travail démontre que la guerre demeure un processus de justification continu, et, parce que les perceptions du combattre justement forment le socle de ces justifications, elles sont décisives pour comprendre le choix des pratiques de guerre. En second lieu, parce que les perceptions collectives du combattre justement sont décisives pour comprendre les pratiques de guerre, notre travail s’intéresse à leur formation. Il démontre que les acteurs sont plus enclins à imposer leur propre perception comme étant la plus légitime lorsque leur argumentaire perpétue un ordre symbolique dominant et ne révèle pas les fondamentales contradictions inhérentes au droit de la guerre. Ainsi, notre travail propose d’analyser sous un nouvel angle l’impact du droit de la guerre, mais aussi celui des argumentaires et des symboles dans les pratiques de guerre.