Thèse soutenue

La construction d’une diplomatie émergente : le cas de la Turquie au Moyen-Orient (2002-2014)

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Auteur / Autrice : Jana J. Jabbour
Direction : Bertrand Badie
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique. Relations internationales
Date : Soutenance le 23/10/2015
Etablissement(s) : Paris, Institut d'études politiques
Ecole(s) doctorale(s) : École de la recherche de Sciences Po (Paris ; 1995-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherches internationales (1952-.... ; Paris)
Jury : Président / Présidente : Gilles Kepel
Examinateurs / Examinatrices : Bertrand Badie, Joseph Maila, Jean Marcou, Bahǧat Quranī, İlter Turan
Rapporteurs / Rapporteuses : Joseph Maila, Jean Marcou

Résumé

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Cette thèse examine la « politique arabe » de la Turquie sous le règne du parti de la Justice et du Développement (AKP). Alors que pendant la majeure partie du XXème siècle la Turquie était désengagée du Moyen-Orient, les années 2000 voient une implication croissante d’Ankara dans son environnement régional arabe. Ainsi, cette thèse analyse le changement d’orientation qui a eu lieu en Turquie en matière de politique étrangère et de diplomatie à l’égard du Moyen-Orient. L’argument principal est que l’ouverture de la Turquie sur son environnement moyen-oriental est liée au phénomène de l’émergence : étant une puissance moyenne émergente en quête de statut, la Turquie de l’AKP trouve en le Moyen-Orient un champ de manœuvre indispensable pour son affirmation à l’échelle internationale. Nous avons examiné les outils et méthodes employés par la puissance moyenne émergente pour s’ériger en puissance régionale de son hinterland moyen-oriental, en particulier : le nouveau discours civilisationnel employé par l’élite au pouvoir, l’invention de «niches diplomatiques » comme la médiation et la diplomatie de la paix, le soft power comme outil de conquête des cœurs et des esprits, et la tentative de règlement de la question kurde. Toutefois, nous avons démontré que malgré le caractère «novateur » de ces instruments, le statut de la Turquie au Moyen-Orient reste fragile : d’une part, l’instabilité qui caractérise la région menace les acquis et les intérêts d’Ankara ; d’autre part, la Turquie souffre d’un « overachievement » ou d’un décalage entre ses ambitions de puissance et ses capacités et ressources réelles. Plus généralement, l’ « émergence» turque se heurte aux blocages du système international : la structure « oligarchique » de celui-ci empêche l’intégration des puissances moyennes en quête de statut et limite leur capacité d’influence dans le jeu de gouvernance mondiale.