Thèse soutenue

Fouille de données et prédiction des éruptions volcaniques

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Anaïs Boué
Direction : Philippe Lesage
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences de la terre, de l'univers et de l'environnement
Date : Soutenance le 30/04/2015
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences de la terre, de l’environnement et des planètes (Grenoble ; 199.-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des sciences de la Terre (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Jean-Luc Got
Examinateurs / Examinatrices : Jean-Robert Grasso, Anne Mangeney
Rapporteurs / Rapporteuses : François Beauducel, Christopher R. J. Kilburn

Résumé

FR  |  
EN

L'intégration de méthodes de prédiction des éruptions volcaniques dans une stratégie de surveillance globale peut être un outil d'aide à la décision précieux pour la gestion des crises, si les limites des méthodes utilisées sont connues. La plupart des tentatives de prédictions déterministes des éruptions volcaniques et des glissements de terrain sont effectuées avec la méthode FFM (material Failure Forecast Method). Cette méthode consiste à ajuster une loi de puissance empirique aux précurseurs de sismicité ou de déformation des éruptions. Jusqu'à présent, la plupart des travaux de recherche se sont attachés à faire des prédictions a posteriori, basées sur la séquence complète de précurseurs, mais le potentiel de la méthode FFM pour la prédiction en temps réel, en n'utilisant qu'une partie de la séquence, n'a encore jamais été évaluée. De plus, il est difficile de conclure quant-à la capacité de la méthode pour prédire les éruptions volcaniques car le nombre d'exemples publiés est très limité et aucune évaluation statistique de son potentiel n'a été faite jusqu'à présent. Par conséquent, il est important de procéder à une application systématique de la FFM sur un nombre important d'éruptions, dans des contextes volcaniques variés. Cette thèse présente une approche rigoureuse de la FFM, appliquée aux précurseurs sismiques des éruptions volcaniques, développée pour une application en temps réel. J'utilise une approche Bayésienne basée sur la théorie de la FFM et sur un outil de classification automatique des signaux ayant des mécanismes à la source différents. Les paramètres d'entrée de la méthode sont les densités de probabilité des données, déduites de la performance de l'outil de classification. Le paramètre de sortie donne la distribution de probabilité du temps de prédiction à chaque temps d'observation précédant l'éruption. Je détermine deux critères pour évaluer la fiabilité d'une prédiction en temps réel : l'étalement de la densité de probabilité de la prédiction et sa stabilité dans le temps. La méthode développée ici surpasse les applications classiques de la FFM, que ce soit pour des applications en a posteriori ou en temps réel, en particulier parce que l'information concernant l'incertitude sur les donnée est précisément prise en compte. La classification automatique des signaux sismo-volcaniques permet une application systématique de cette méthode de prédiction sur des dizaines d'années de données pour des contextes volcaniques andésitiques, au volcan Colima (Mexique) et au volcan Mérapi (Indonésie), et pour un contexte basaltique au Piton de la Fournaise (La Réunion, France). Je quantifie le nombre d'éruptions qui ne sont pas précédées de précurseurs, ainsi que les crises sismiques qui ne sont pas associées à des épisodes volcaniques. Au total, 64 séquences de précurseurs sont étudiées et utilisées pour tester la méthode de prédiction des éruptions développée dans cette thèse. Ce travail permet de déterminer dans quelles conditions la FFM peut être appliquée avec succès et de quantifier le taux de réussite de la méthode en temps réel et en a posteriori. Seulement 62% des séquences précurseurs étudiées dans cette thèse sont utilisable dans le cadre de la FFM et la moitié du nombre total d'éruptions sont prédites a posteriori. En temps réel, seulement 36% du nombre total d'éruptions auraient pu être prédites. Cependant, ces prédictions sont précises dans 83% des cas pour lesquels les critères de fiabilités sont satisfaites. Par conséquent, il apparaît que l'on peut avoir confiance en la méthode de prédiction en temps réel développée dans cette thèse mais que la FFM semble être applicable en temps réel uniquement si elle est intégrée dans une statégie de prédiction plus globale. Cependant, elle pourrait être potentiellement utile combinée avec d'autres méthodes de prédictions et supervisée par un observeur. Ces résultats reflètent le manque de connaissances actuelles concernant les mécanismes pré-éruptifs.