Développement des préférences pour la familiarité chez le nourrisson
Auteur / Autrice : | Fabrice Damon |
Direction : | Olivier Pascalis |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences cognitives, psychologie et neurocognition |
Date : | Soutenance le 17/12/2015 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale ingénierie pour la santé, la cognition, l'environnement (Grenoble ; 1995-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire de Psychologie et NeuroCognition - Laboratoire de Psychologie et NeuroCognition |
Jury : | Président / Présidente : Karine Mazens |
Examinateurs / Examinatrices : Bahia Guellai | |
Rapporteur / Rapporteuse : Denis Mareschal, Benoist Schaal |
Résumé
Le propos de ce travail de thèse est d’examiner le développement de la formation de catégories de visages, par l’étude des préférences visuelles des nourrissons dans la première année de vie. Nous avons cherché à préciser les mécanismes de formation des préférences visuelles en les intégrant dans le cadre théorique développé par Valentine (1991), le face-space. Nous avons proposé de lier ces préférences à la manière dont l’expérience perceptive des nourrissons avec différentes catégories de visages va structurer l’espace de représentation des visages. De manière générale, nous avons postulé que les nourrissons présenteront des préférences pour les visages proches de la tendance centrale (i.e., prototype) du face-space. Nous avons mis en évidence une tendance des nourrissons de 0 à 6 mois à présenter un biais pour des visages d’adultes par rapport à des visages de nourrissons (Etudes 1 et 2), les premiers correspondant à une catégorie de visages prépondérante de l’environnement des nourrissons, là où les seconds correspondent à une catégorie de visages peu rencontrée. Ce biais pour la familiarité s’est avéré disparaitre à 9 et 12 mois (Etude 3). Ces préférences liées à la familiarité pourraient être liées à une forme de fausse reconnaissance du visage des proches des nourrissons, issue de la surreprésentation de ces visages dans le quotidien des nourrissons. Ce pattern de préférences n’a en revanche pas été retrouvé lorsque des nourrissons de 3 à 12 mois ont été confrontés à des visages d’enfants ou de nourrissons (Etudes 4 et 5), les résultats montrant plutôt une préférence pour les visages les moins familiers, relativement à l’expérience des nourrissons. Nous avons ensuite étudié les capacités de catégorisation de nourrissons de 9 et 12 mois pour des visages de différentes catégories d’âges, i.e., adulte, enfant, nourrisson (Etude 6). Les nourrissons de 12 mois ont formé des catégories discrètes des visages d’adulte et de nourrissons d’une part, et d’enfants et de nourrissons d’autre part. Les nourrissons de 9 mois en revanche ont montré un pattern plus asymétrique en ce qu’ils ont formé une représentation des visages d’enfants excluant un nouveau visage de nourrisson, et une représentation des visages de nourrissons incluant un nouveau visage d’enfant. Les nourrissons ayant tous une expérience de la crèche, donc des visages de nourrissons, cette asymétrie pourrait être liée à une influence de la connaissance de cette catégorie de visage. Dans une dernière étude (Etude 7) nous avons cherché à montrer plus directement le lien entre préférences visuelles et proximité par rapport au prototype, chez des nourrissons humains de 12 mois et des nourrissons macaques de 3 mois (Macaca mulatta). La mise en évidence de préférences liées à la distance par rapport au prototype chez ces deux populations suggère la présence d’un mécanisme commun aux deux espèces conduisant à la formation de préférences visuelles pour les visages.