Thèse soutenue

La conquête scientifique du Nouveau-Mexique : héritage local du Projet Manhattan 1942-2015

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Auteur / Autrice : Lucie Genay
Direction : Susanne Berthier-Foglar
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études anglophones
Date : Soutenance le 18/09/2015
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale langues, littératures et sciences humaines (Grenoble, Isère, France ; 1991-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut des langues et cultures d'Europe, Amérique, Afrique, Asie et Australie (Grenoble)
Jury : Président / Présidente : Bernard Genton
Examinateurs / Examinatrices : Olivier Frayssé, Manuel García y Griego
Rapporteurs / Rapporteuses : Bernard Genton, Jean Kempf

Résumé

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Le 16 novembre 1942, dans le désert du Nouveau-Mexique, J. Robert Oppenheimer suggéra à son homologue militaire, le Général Leslie Groves, que la Los Alamos Ranch School d'Ashley Pond serait une localisation idéale pour l'établissement d'un laboratoire secret où continuer la recherche sur la conception et la construction de la bombe atomique. Cet événement scella le destin du Nouveau-Mexique, surnommé la « terre d'enchantement », qui se vit alors octroyé une nouvelle identité en tant que berceau de l'ère nucléaire. Le laboratoire de Los Alamos a déclenché la troisième colonisation de la région : une conquête scientifique financée par le gouvernement fédéral et entretenue par la course à l'armement avec l'Union Soviétique. Le long du Rio Grande, les installations nées à la suite du Projet Manhattan ont révolutionné l'ordre social, économique et démographique établi dans l'État tout en y produisant des bouleversements environnementaux et culturels. Et pourtant, soixante–dix ans plus tard, le Nouveau-Mexique demeurait l'un des cinq États les plus pauvres du pays malgré son Eldorado nucléaire. Cette thèse évalue l'ambivalence et les multiples facettes de l'héritage du Projet Manhattan au Nouveau-Mexique. En estimant la durabilité et la répartition des profits générés par l'industrie nucléaire en termes d'emplois, d'éducation et de niveau de vie, cette thèse interroge l'étendue réelle des gains perçus par les populations locales grâce à cette révolution vers le nucléaire et la haute technologie, ainsi que l'évolution des coûts socio-économiques et environnementaux qu'il a fallu et qu'il faudra encore payer pour la panacée nucléaire. Depuis l'arrivée des premiers pionniers atomiques à Los Alamos, les populations natives du Nouveau-Mexique (qu'il s'agisse des Indiens pueblos, des villageois hispaniques ou des ranchers anglos) ont dû s'adapter aux changements en dents de scie d'un nouvel ordre reposant sur des fonds fédéraux, eux–mêmes déterminés par la scène politique internationale et ils furent confrontés à une concurrence de plus en plus rude avec les nouveaux arrivants, c'est-à-dire les immigrés du nucléaire venant d'autres États. L'association du pouvoir militaire, du gouvernement et de l'omniprésente confidentialité a renforcé les mécanismes du complexe militaro-industriel et scientifique local, ce qui a maintenu la région dans son statut de colonie interne des États-Unis. Depuis les années 1980, une prise de conscience progressive de la société concernant les conséquences environnementales et sanitaires de la radioactivité a entraîné des réactions antinucléaires au Nouveau-Mexique. Dès lors, de nombreuses voix précédemment restées dans le silence se sont levées pour mettre en évidence une autre vision de l'héritage nucléaire dans l'État. Cette perspective locale des participants les plus modestes, les oubliés de l'avènement de l'ère nucléaire, manque de reconnaissance historique. Par conséquent, l'objectif de cette thèse est d'examiner la relation entre ces Nouveaux-Mexicains et l'industrie nucléaire locale.