Thèse soutenue

Peinture et cinéma dans l'oeuvre de Mimmo Rotella autour de 1960

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Auteur / Autrice : Vanessa Morisset
Direction : Laurent Baridon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire de l'art
Date : Soutenance le 16/10/2015
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire de recherche historique Rhône-Alpes (Lyon ; 2003-....)
Jury : Président / Présidente : Jean-Marc Poinsot
Examinateurs / Examinatrices : Laurent Baridon, Judith Delfiner
Rapporteurs / Rapporteuses : Thierry Dufrêne, Gilles Mouëllic

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Depuis son invention, le cinéma a bouleversé la culture, au point que, de manière récurrente, des études s'interrogent sur l'influence qu'il a eue dans la pensée d'éminents intellectuels, par exemple Michel Foucault ou Erwin Panofsky. Mais qu'en est-il de l'influence du cinéma dans le travail des artistes ? Mimmo Rotella (1918-2006), peintre d'origine calalabraise installé après-guerre à Rome, spectateur assidu et passionné de cinéma, évoque un grand nombre de films dans un corpus d'œuvres réalisées autour de 1960 : des tableaux à base d'affiches de cinéma, de genres essentiellement populaires, décollées dans les rues. Ainsi, dans le contexte de l'apogée des studios de Cincecittà et d'un pic de fréquentation des salles obscures jamais égalé en Europe, l'articulation de la peinture et du cinéma prend à ce moment précis de sa pratique une tournure singulière qui exprime l'élargissement de l'art à des références inattendues. Mais, ce faisant, ses œuvres ne risqueraient-elles pas de n'être que le symptôme d'une pratique culturelle naissante, jonglant avec des références tantôt cultivées tantôt populaires, que plus tard Hal Foster nomme l'indistinction ou Richard Peterson l'omnivorité, ou incarnent-t-elles une réelle démocratisation de l'art ?Articulées autour du moment fort que constitue l'exposition monographique intitulée Cinecittà en 1962, les différentes parties de la thèse éclairent les aspects du travail de l'artiste qui introduisent le cinéma dans le champ de l'art. Deux bornes chronologiques, un voyage aux États-Unis qui le détourne de la peinture en 1952-53 et un séjour en prison en 1964 qui lui fait fuir l'Italie, l'éloigne du milieu romain et le coupe de la suite du déroulement de l'art italien, sont déterminantes pour la nature et le contenu du corpus d'œuvres étudiées.C'est tout d'abord l'arrière plan social et culturel comme contexte d'émergence du geste artistique Rotella qui est brossé. Ensuite, est opérée une caractérisation précise des films choisis à travers les affiches afin de développer la réflexion sur l'intrusion du cinéma populaire dans l'art. Puis, dans la partie centrale, l'exposition Cinecittà est étudiée depuis sa conception jusqu'à sa réception. La suite de la thèse analyse les conséquences de cette exposition dans l'œuvre de l'artiste qui se tourne vers des films plus reconnus qu'aux débuts, notamment en s'attachant de plus en plus aux figures de stars : un autre aspect de la culture populaire émanant du cinéma s'invite alors dans le milieu de l'art, le phénomène sociologique du fan. Mais étrangement, peu de référence sont faites au cinéma italien qui vit son âge d'or au même moment, ce dernier constat ouvrant une réflexion sur la cinéphilie confrontée à la conception de « l'homme ordinaire du cinéma » selon l'expression de Jean-Louis Schefer.Ponctué par des images qui apparaissent en tête de partie et de chapitre, le texte du volume 1 évoque les œuvres et les décrit, avec des renvois à un ensemble de planches en annexe dans le volume 2. Ces incursions iconographiques rappellent combien les oeuvres sont à la source de l'ensemble de la thèse.Ainsi, le corpus étudié est le point de départ d'une réflexion sur la manière dont le cinéma et la culture médiatique se sont introduit dans l'art italien des années 1950-1960, tout en débordant ce cadre : il permet de penser comment, depuis cette époque jusqu'à aujourd'hui, certaines références médiatiques constituent le socle d'une culture commune entre le public et les artistes.