Thèse soutenue

La construction d'une mémoire publique de la lutte contre la mafia de 1982 à 2012 à partir d'un martyrologe : Pio La Torre, Carlo Alberto dalla Chiesa, Giovanni Falcone et Paolo Borsellino

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Auteur / Autrice : Charlotte Moge
Direction : Marie-Anne Matard-BonucciGianluca Fulvetti
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance le 30/11/2015
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE) en cotutelle avec Università degli studi (Pise, Italie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre de recherche en histoire et histoire de l'art - Italie, pays alpins (Grenoble ; 1991-2015)
Jury : Président / Présidente : Jean-Claude Zancarini
Examinateurs / Examinatrices : Luca Baldissara
Rapporteur / Rapporteuse : Rosario Mangiameli, Alessandro Giacone

Résumé

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Si la mafia est un objet d’étude, certes récent, l’antimafia reste en revanche un trou noir de l’historiographie du Mezzogiorno alors que les assasssinats des représentants de l’État sont des moments de tenisons dans l’histoire de l’Italie républicaine. Nous avons choisi de concentrer notre attention sur quatre figures emblématiques assassinées au cours des crises de violence mafieuse de 1982 et 1992 : Pio La Torre (député et secrétaire régional du PCI) ; Carlo Alberto dalla Chiesa (assassiné alors qu’il était préfet de Palerme) ; Giovanni Falcone et Paolo Borsellino (magistrats). Afin d’observer le processus de construction d’une mémoire publique de la lutte contre la mafia, nous utilisons un panel de sources typique de l’histoire du temps présent, archives, presse, productions mémorielles écrites et audiovisuelles, mais aussi des sources orales grâce aux entretiens réalisés lors de notre enquête de terrain. Ces sources nous permettent tant de comprendre le contexte que d’analyser l’évolution des représentations des martyrs de la lutte contre la mafia.La première partie est consacrée à l’étude du moment des assassinats et de la construction d’une mémoire immédiate. L’analyse de la presse au lendemain des crises de violence mafieuse fait émerger les caractéristiques de la mémoire immédiate des victimes et révèle un mobilisation civile antimafia sans précédent. La deuxième partie s’intéresse à la construction et à l’institutionnalisation de la mémoire des victimes, à travers l’étude des commémorations et des représentations. L’analyse croisée des différentes sources met au jour les différentes strates de la construction mémorielle. Enfin, la troisième partie montre que la mémoire de l’antimafia, bien qu’institutionnalisée et structurée, est en réalité une mémoire tourmentée, comme le démontrent les manquements de la justice, les usages politiques de la mémoire de l’antimafia ou le conditionnement des commémorations décennales par l’actualité. Faire l’histoire de la mémoire de l’antimafia nous permet ainsi de révéler, sous un jour nouveau, un certain nombre de tensions qui caractérisent l’Italie contemporaine. La mémoire de la lutte contre la mafia apparaît donc comme un observatoire privilégié pour examiner les mutations politiques, sociétales et culturelles de l’Italie républicaine.