Thèse soutenue

Presse ''indépendante'' et pouvoir : le Journal (1997-2010) promoteur du trône au Maroc : une psycho-socio-anthropologie historique du journalisme politique

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Auteur / Autrice : Mehdi Kamal Benslimane
Direction : Jean-Noël Ferrié
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences politiques
Date : Soutenance le 18/12/2015
Etablissement(s) : Université Grenoble Alpes (ComUE)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale sciences de l'homme, du politique et du territoire (Grenoble ; 2001-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Pacte, laboratoire de sciences sociales (Grenoble, Isère, France)
Jury : Président / Présidente : Assia Boutaleb
Examinateurs / Examinatrices : Zakaria Rhani
Rapporteur / Rapporteuse : Baudouin Dupret, Abdallah Saaf

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Fondé en 1997 par de jeunes économistes-financiers, à l’aube de l’expérience d’alternance consensuelle au Maroc et la fin du règne d’Hassan II (1961-1999), Le Journal (LJ ci-après) est considéré comme l’emblème de la presse dite indépendante de cette époque. En trouvant un rayonnement à l’étranger, son influence et sa visibilité vont au-delà des élites du Maroc. Les transformations survenues néanmoins sur la ligne éditoriale de cet hebdomadaire francophone, jugée critique vis-à-vis du Pouvoir par l’audace de ses dossiers et couvertures (monarchie, gouvernance, droits de l’Homme), donnent lieu à des crises de différente nature (procès, boycott publicitaire, gestion interne, etc.) qui débouchent sur sa fermeture par les autorités en janvier 2010, sous le règne de Mohammed VI, après une « vie » dense empreinte de rapports tantôt positifs tantôt négatifs avec le Pouvoir. Au lieu de proposer une seule perspective dans l’étude du LJ, cette recherche espère relever le défi d’offrir trois perspectives qui se complètent : par l’analyse de l’environnement externe du LJ (partie I), par l’étude de son pouvoir d’influence (partie II), et enfin par l’analyse de son environnement interne (partie III). La première partie part d’une énigme simple celle de savoir comment on peut passer au niveau des rapports sociaux (ici entre journalistes et politiques) de situations dans lesquelles on est plus ou moins « bien » entendu à des situations de « mal » entendu. À partir du concept de malentendu (V. Jankélévitch), nous verrons ainsi comment Le Journal, d’abord « bien-entendu », devient, au fil du temps, un titre « mal » entendu, à la fois par ses supporters et par ses adversaires. Si le concept de « bien-entendu » rend compte de ce qui a fait l’originalité et le succès du LJ, comme projet d’innovation, dans un contexte historique marqué par la libéralisation politique ; le malentendu lui est un malentendu d’ordre politique qui porte sur les représentations différentes qu’ont les journalistes et les Politiques de la « transition démocratique », leurs appréciations divergentes de la situation politique au Maroc ainsi que sur le rôle que la presse est censée jouer dans de pareils contextes. La deuxième partie, qui est peut-être l'originalité de ce travail, questionne le pouvoir d'influence des médias (du Journal) à travers les concepts de « compétence » journalistique (comme pouvoir adaptatif aux situations nouvelles), de « l’étiquette d’indépendance » (ce qu’elle permet en termes de visibilité/crédibilité) et enfin de « leadership médiatique » de l’éditorialiste et directeur de publication du LJ. Et elle entend souligner leur interdépendance. Enfin, la dernière partie, concernant la vie interne du LJ, s’appuie sur les acquis des sociologies du journalisme, de l’engagement-désengagement, du loyalisme et de la défection, pour interroger ce qui a amené des journalistes à « entrer », à « rester » et à « partir » du Journal. L’exit nous renvoie encore une fois, dans une espèce de boucle, au malentendu et nous conduit à défendre la thèse selon laquelle Le Journal a été, à son corps défendant, le promoteur du trône. Si cette entreprise de recherche a l’ambition d’être une « psycho-socio-anthropologie historique du journalisme politique », elle en appelle également à une libération épistémo-méthodo-logique.