La finance comportementale à l'épreuve de la crise
Auteur / Autrice : | Ali Hajji |
Direction : | Rédouane Taouil |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance le 11/12/2015 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale sciences économiques (Grenoble ; 1999-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche en économie de Grenoble (Isère, France ; 2011-....) |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Pierre Allegret |
Examinateurs / Examinatrices : Catherine Figuière | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Pierre Allegret, Ḥakīm Ben Hammūda |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La crise qui a démarré en 2007 a remis en cause les fondations de la théorie et du système financier. Cette théorie s’articule autour des postulats de la finance classique dont la « main invisible » et l’hypothèse de rationalité des investisseurs dont découle celle d’efficience des marchés.Cette crise a mis en lumière l’aspect psychologique des marchés financiers, aspect abordé par J.M Keynes lorsqu’il développait la notion d’ « esprits animaux » pour rendre compte de l’incertitude de l’économie. Jusqu’au début des années 1980, la compréhension de la psychologie a été le fruit d’une approche informelle.Depuis lors, la psychologie des marchés financiers est formalisée par la finance comportementale. Tout au long de son développement, ses tenants ont remis en cause l’hypothèse de rationalité des investisseurs sur des bases empiriques. Néanmoins, aucun évènement de l’ampleur de cette crise n’a autant invalidé les postulats du mainstream dominant.La théorie financière est à la croisée des chemins. L’hypothèse de rationalité des investisseurs est-elle valide ? Si oui, quelles sont les conditions de sa validité ? Si non, doit-on sortir du cadre de la finance classique et adopter celui de la finance comportementale? Ce sont autant de questions qui appellent à une refondation de la théorie financière.Le jury du Prix d’économie en la mémoire d’Alfred Nobel ne s’est d’ailleurs pas trompé en décernant le prix 2013 aux deux écoles. Cependant, les académiciens ne semblent pas trancher entre elles, reconnaissant ainsi leurs apports respectifs pour la théorie et la pratique financière. Cette récompense suggère néanmoins la question centrale suivante : les deux écoles sont-elles parallèles, complémentaires ou antinomiques?Le premier chapitre traite de la remise en cause des hypothèses centrales de la finance, à la base des modèles de gestion les plus courus. Le cadre de la finance classique n’a pas permis de donner une explication à la formation de la bulle immobilière pas plus qu’il n’a permis de fournir une solution unifiée à la crise. L’inadéquation des hypothèses du cadre classique avec la réalité apparaît notamment dans un contexte de forte volatilité et d’incertitude exacerbée. Cette remise en cause ouvre la voie à l’introduction de paramètres psychologiques dans la compréhension des phénomènes du marché.La finance comportementale développe la psychologie des marchés financiers. Le second chapitre aborde les concepts centraux de ce courant. L’analyse de ces concepts et du développement historique, épistémologique et paradigmatique du courant montre qu’il s’inscrit à l’opposé et, parfois, en complément du classique. Il n’en demeure pas moins que le cadre théorique de ce courant n’est pas encore achevé pas plus que la formation d’un paradigme dominant.Parmi les principaux résultats de la finance comportementale, les outils psychologiques apportent des clefs de lecture pertinentes des marchés financiers. Le troisième chapitre aborde les biais et heuristiques à la lumière de la crise. L’analyse de la crise montre que les heuristiques et les biais émotionnels ont pu conduire les investisseurs à des erreurs de jugements. L’attention et l’analyse se sont focalisées sur des croyances dans un contexte d’opacité de l’information et de l’environnement.La finance comportementale cherche à établir un cadre conceptuel plus élaboré. La théorie des « esprits animaux » a repris de la vigueur notamment chez les comportementalistes à orientation néo-keynésienne. Le retour à cette notion s’explique par l’importance prise de concepts liés comme la confiance, la corruption ou le rôle des histoires. D’ailleurs, les collusions corruptives et le fonctionnement du système ont failli saper durablement la confiance dans l’économie financière. Ce quatrième chapitre montre que la confiance et la corruption procèdent de la psychologie humaine et montrent le poids de celle-ci en situation d’incertitude et le rapport des hommes aux gains.