Performativité des indicateurs : indicateurs alternatifs et transformation des modes de rationalisation
Auteur / Autrice : | Fiona Ottaviani |
Direction : | Claudine Offredi |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences économiques |
Date : | Soutenance le 18/09/2015 |
Etablissement(s) : | Université Grenoble Alpes (ComUE) |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale sciences économiques (Grenoble ; 1999-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherche en économie de Grenoble |
Jury : | Président / Présidente : Tom Bauler |
Examinateurs / Examinatrices : Catherine Figuière, Robert Salais | |
Rapporteur / Rapporteuse : Florence Jany-Catrice, Michel Renault |
Mots clés
Résumé
Les recherches récentes portant sur les indicateurs alternatifs suggèrent la nécessité d'une révision fondamentale de la manière de concevoir le processus de construction des indicateurs et s'inscrivent dans un mouvement critique vis-à-vis du primat d'une forme de rationalisation économiciste et expertale dans le champ des politiques publiques. Cette thèse s'inscrit dans le champ de ces travaux et a pour objet d'apprécier la manière dont il est possible que ces indicateurs soient porteurs d'une « alternative » en termes de rationalisation de l'action.Pour apprécier les transformations opérées au sein du processus de quantification, la thèse prend pour objet l'expérimentation menée à Grenoble quant à la construction d'Indicateurs de Bien-Etre Soutenable Territorialisés (IBEST). La première partie du travail, d'ordre théorique, établit un lien entre la dimension conventionnelle des indicateurs, leur caractère performatif, la rationalité postulée des acteurs et la rationalisation des politiques publiques. Elle est complétée par une analyse de la dimension axiologique des critères de choix sociaux (bien-être, soutenabilité) axée sur les théories du développement qui peuvent appuyer la construction de tels indicateurs. La seconde partie s'attèle à l'analyse de l'expérimentation IBEST au regard du cadre conventionnaliste et met en exergue qu'un tel processus d'élaboration d'indicateurs induit des transformations aussi bien en ce qui concerne la dimension axiologique présidant à la construction des indicateurs que sur le plan de la rationalisation scientifique et politique. Suivant une logique pragmatique de la recherche-action, nous mettons en avant la plus-value de l'articulation entre une logique d'enquête et une démarche participative au regard du processus d'opérationnalisation d'indicateurs de bien-être soutenable. Au final, outre les apports méthodologiques et cognitifs liés à l'hybridation opérée entre la méthode quantitative et la méthode participative, la contribution de la recherche réside dans l'éclairage que l'expérimentation apporte sur la conception de la dynamique institutionnelle. En effet, le type de montée en généralité particulière associé à la démarche participative et plus largement le processus non linéaire de quantification d'IBEST appuient la pertinence des concepts d' « arrière-plan » et de « communautés interprétatives » pour apprécier le type de dynamique à l'œuvre dans une telle expérimentation et pour la mise en cohérence des notions de légitimité et d' « encastrement institutionnel ». Nous aboutissons ainsi à une conception de la dynamique institutionnelle qui procède par sédimentation et découle d'une transformation des conceptions et des pratiques d'acteurs dans le champ scientifique et politique.