Thèse soutenue

Le jugement comme faculté politique chez Hannah Arendt

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Marie-Véronique Buntzly
Direction : Myriam Revault d'Allonnes
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 28/11/2015
Etablissement(s) : Paris, EPHE
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (Paris)
Jury : Président / Présidente : Michaël Fœssel
Examinateurs / Examinatrices : Myriam Revault d'Allonnes, Michaël Fœssel, Sandra Laugier, Carole Widmaier
Rapporteurs / Rapporteuses : Michaël Fœssel, Sandra Laugier

Mots clés

FR  |  
EN

Résumé

FR  |  
EN

Le troisième tome de La vie de l’esprit, ultime œuvre de Hannah Arendt, aurait dû être consacré à la faculté de juger. Notre recherche débute par la reconstitution partielle de cette théorie du jugement non écrite, mais dont on trouve des traces dans l’ensemble du corpus arendtien. En nous appuyant principalement sur les conférences données par Arendt sur la troisième Critique de Kant et sur les écrits non destinés à la publication comme le Journal de Pensée, notre travail soutient la thèse d’une unité profonde entre toutes les positions d’Arendt sur le jugement : faculté mentale et politique, fondement de la conscience morale. La prise en compte d’une multiplicité de perspectives, grâce au processus de la « mentalité élargie » exposé par Kant, confère au jugement une dimension de pluralité qui en fait le trait d’union entre pensée et action. Le désintéressement du sujet, rendu possible par l’imagination, fonde cette capacité. Nous discutons alors cette dernière affirmation, en confrontant la théorie arendtienne à la perspective pragmatiste incarnée par John Dewey. Par son analyse de la pensée comme enquête (inquiry), et de la valuation, Dewey met en lumière la dimension expérimentale présente dans la formation de nos jugements, sans pour autant les réduire à des décisions instrumentales. L’interaction individu/environnement efface ainsi la frontière artificielle qui subsiste chez Arendt entre intériorité du soi et extériorité des apparences. Nous pouvons alors mettre en évidence l’usage possible de la théorie arendtienne dans l’analyse des problèmes politiques contemporains : le rôle du jugement dans l’espace public démocratique, et les conditions de son éducation.