L’enseignement moral et civique de 1944 à 2014
Auteur / Autrice : | Jonathan Richard |
Direction : | Philippe Portier |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Science politique |
Date : | Soutenance le 08/07/2015 |
Etablissement(s) : | Paris, EPHE |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École pratique des hautes études (Paris) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Groupe Sociétés, Religions, Laïcités (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Philippe Foray |
Examinateurs / Examinatrices : Philippe Portier, Philippe Foray, Jean-Marie Donegani, Yves Déloye, Audric Vitiello, Alain Bergounioux | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Marie Donegani, Yves Déloye |
Mots clés
Résumé
En tant qu’instrument d’action publique, l’histoire de l’enseignement moral et civique français peut être observée comme un révélateur efficace de l’évolution subie par l’esprit du temps entre 1944 et 2014. Promu, dès l’immédiat après-guerre, par des néo-pédagogues investis d’une visée, à la fois républicaine et émancipatrice, l’enseignement moral et civique français fut convoqué, à la Libération, pour conjurer “la dégradation de la conscience morale”. Mis en valeur, voire, instrumentalisé par les promoteurs d’une idéologie émancipatrice, il ne fut pourtant pensé qu’en fonction des services qu’il pouvait rendre à une morale républicaine résolument unitariste. Tenu comme à ses débuts d’éveiller la conscience nationale chez l’enfant, il était alors concerné par l’obligation de refondre des liens abimés pendant l’occupation, mais aussi, plus tard, pendant la guerre d’Algérie. Dans un deuxième temps, en revanche, entre 1965 et 1984, le sort progressivement qui lui sera réservé devait bel et bien révéler l’avènement d’un nouvel homme, plus hédoniste, plus libre, plus vindicatif et, de fait, résolument plus individualiste. Malgré l’intervention d’intellectuels soucieux de le voir servir de garde-fou face aux excès de la postmodernité, cet enseignement sera d’ailleurs supprimé en 1977. L’État-éducateur constatant plus tard les méfaits d’un excès d’individualisme et finissant par prendre en compte la nature inédite d’enjeux contenus dans la gestion d’une France plus métissée qu’hier, finira alors par réagir et finalement symptomatiser une forme d’ambivalence française. C’est ainsi qu’à partir des années 1980, des hésitations constantes sur le rôle qu’il devait jouer dans la fabrication du vivre-ensemble sauront incarner l’obligation faite au politique de proposer un discours dépassant l’opposition classique entre individu et collectif.