Thèse soutenue

Esthétique de la musique en Chine médiévale : idéologies, débats et pratiques chez Ruan Ji et Ji Kang

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Auteur / Autrice : Julie Gary
Direction : Romain Graziani
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études chinoises
Date : Soutenance le 16/12/2015
Etablissement(s) : Lyon, École normale supérieure
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Lettres, langues, linguistique, arts (Lyon ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut d'Asie Orientale (1993-....)
Jury : Président / Présidente : Marc Kalinowski
Examinateurs / Examinatrices : Romain Graziani, Marc Kalinowski, François Picard, Valérie Lavoix, Nicolas Zufferey
Rapporteur / Rapporteuse : Marc Kalinowski, François Picard

Résumé

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Dans la Chine du IIIè siècle, les mutations politiques et intellectuelles considérables survenues après l’effondrement des Han favorisent l’éveil d’une conscience inédite de l’individu, ainsi que l’émergence de nouvelles tendances philosophiques (le néo-taoïsme de l’Étude du Mystère) et l’apparition d’une activité artistique en rupture avec la tradition qui s’est imposée durant quatre siècles d’hégémonie confucéenne. La musique, qui occupe une place d’élection dans la vie des lettrés, voit évoluer le statut et la pratique auxquels elle était jusqu’alors confinée, l’outil moralisateur au service de la concorde sociale s’affirmant désormais comme une distraction libre et privée, affranchie de ses finalités politiques et civilisatrices. Notre travail prend pour objet les conceptions de la musique qui ont vu le jour dans ce contexte de l’avènement esthétique et d’une valorisation sans précédent des émotions individuelles. En nous concentrant plus particulièrement sur Ruan Ji 阮籍 (210-263) et Ji Kang 嵇康 (223-262), figures de proue de la pléiade des Sept Sages de la Forêt de Bambous et éminents poètes, philosophes et musiciens, nous avons cherché à étudier la réflexion esthétique qui s’élabore dans leurs écrits autour des questions de l’origine et la nature de la musique, de ses fonctions morales et sociales, de son utilisation politique ou macrobiotique, de ses vertus éthiques ou diététiques, ou encore de son lien aux émotions. L’analyse textuelle est complétée par celle de pratiques ou de gestes musicaux : le sifflement chez Ruan Ji, la cithare chez Ji Kang, qui donnent corps aux discours et illustrent leur mise en œuvre concrète dans la vie de ces auteurs. De sorte que l’esthétique ne se définit plus seulement comme un discours, mais aussi comme un ethos, et que l’effort d’affranchissement de la musique est contemporain d’une d’émancipation des sujets mêmes de l’expérience esthétique.