Thèse soutenue

Théocrite et la création de la pastorale : entre mime et idylle

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Auteur / Autrice : Jean-Camille Richer
Direction : Christophe Cusset
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Langues et Littératures Anciennes
Date : Soutenance le 11/12/2015
Etablissement(s) : Lyon, École normale supérieure
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences sociales (Lyon ; 2007-....)
Jury : Président / Présidente : Isabelle Boehm
Examinateurs / Examinatrices : Christophe Cusset, Isabelle Boehm, Alain Billault, Michel Briand, Damien Patrick Nelis
Rapporteurs / Rapporteuses : Alain Billault, Michel Briand

Résumé

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Dans cette thèse est proposée une définition du genre poétique bien connu qu’est la poésie bucolique. Son point de départ réside dans le double statut qui la caractérise : c’est à la fois un titre (les Bucoliques) et un genre (la poésie bucolique). Le fait de privilégier l’un ou l’autre de ces statuts oriente la définition qui est retenue. Nous avons donc examiné les sources antiques et tenté d’inverser la perspective habituellement retenue : alors que l’on considère souvent que c’est le genre qui a engendré le titre, nous pensons que c’est le titre (Bucoliques) qui a engendré le genre. En d’autres termes, à l’origine, un poème bucolique n’est pas un « poème de bouviers », mais un poème contenu dans un recueil intitulé Βουκολικά. Ce n’est que dans un second temps que le sens du titre originel (Βουκολικά) se serait restreint au genre tel que nous le connaissons aujourd’hui (une « poésie de bouviers », souvent réduite à une « poésie de pâtres ») et qui aurait entraîné, à la fin de l’Antiquité, le remplacement de ce titre par les mots « idylles » et « églogues », qui à l’origine n’avaient aucun rapport avec la poésie bucolique. La définition du poème bucolique que nous proposons est fondée sur la rencontre entre deux personnes et l’interprétation d’un chant, car ce schéma s’observe dans la plupart des poèmes bucoliques, y compris post-théocritéens. Dès lors opère une loi de variation censée varier le genre des chants insérés. Cela créée une hiérarchie entre les genres : le poème bucolique n’est pas un poème de bouviers, mais un poème comportant l’interprétation d’un chant dont le genre est appelé à varier. La notion de « mime » n’est ici étudiée qu’à titre de variante de la bucolicité. En effet, trois poèmes de Théocrite sont ainsi décrits parce qu’ils n’appartiennent ni au monde de la campagne (poèmes bucoliques), ni au monde des héros (epyllia). Nous analysons la manière dont cette catégorie s’est constituée, puis sa pertinence : si elle permet à n’en pas douter de constater des codes communs entre les poèmes de Théocrite et ceux d’Hérondas, elle ne doit pas faire oublier que la différence métrique entre les deux auteurs implique une différence d’esthétique.