Pureté artificielle : étude et réintroduction des orangs-outans de Bornéo
Auteur / Autrice : | Frédéric Louchart |
Direction : | Philippe Descola |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Anthropologie sociale et ethnologie |
Date : | Soutenance en 2015 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Résumé
L'étude concerne le centre de réintroduction de Nyaru Menteng (Bornéo, Kalimantan Central, Indonésie), appartenant à une ONG: BOSF. Ce centre interroge les relations entre Humains et non-Humains en termes d'anthropologie de la nature, d'histoire des sciences et de fonctionnement de la réintroduction d'orang-outans en milieu naturel. Celle-ci pose un paradoxe: comment libérer l'animal et le rendre plus authentiquement au moyen d'un système d'élevage par l'homme? La primatologie offre un savoir éthologique sur lequel se fondent les procédés. Mais la démarche reste essentialiste, se focalise sur les aspects les plus anthropomorphes de l'animal retrouvés dans le travail de réhabilitation. Celui-ci nécessite d'exposer la construction historique de l'animal en tant qu'agent, figure de récit et symbole structurant. La réintroduction suppose également un collectif d'acteurs, unis autour de l'animal sans posséder de véritable unité; Occidentaux, administratifs indonésiens, employés dayaks, bénévoles, etc. Ce qui entraîne de nombreuses tensions d'une part, et la structuration d'un collectif autour de l'animal d'autre part. Les rapports de pouvoir se jouent dans cette relation. Avec un personnel Dayak, l'erreur serait de penser qu'on transfert [sic] de l'animisme traditionnel (Kaharingan) dans le cadre de la réhabilitation. Bien au contraire, on observe une multiplication des modes de séparartion entre Humains et non-Humains, et inaugure une relation originale, ni animique, ni naturaliste, et des formes d'interventions sur l'animal qui marquent une emprise totale sur la ''nature''.