Violences envers les femmes : sociohistoire d'un enjeu public Nicaragua (1979-2008)
Auteur / Autrice : | Delphine Lacombe |
Direction : | Rose-Marie Lagrave, Gilles Bataillon |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance en 2015 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Jury : | Rapporteur / Rapporteuse : Kathya Araujo, Dominique Vidal |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Mots clés libres
Résumé
Cette thèse analyse les modes de construction d'un enjeu public - les violences envers les femmes -, et son inscription dans les formes du politique nicaraguayennes révolutionnaire- sandiniste (1979-1990) et post révolutionnaire (1990-2007). L'émergence de l'enjeu se déploie d'abord dans les luttes d'un féminisme nicaraguayen de la deuxième vague, en collusion et en collision avec l'appareil de direction et d'administration de la société révolutionnaire. Dans ce contexte, la logique des actions et les conversions idéologiques de la militance féministe ré-inscrivent progressivement les revendications dans une rhétorique démocratique/libérale et dans le langage des droits humains. Les recompositions des formes du politique dans l'immédiat post-sandinisme se traduisent par des modalités conjointes de publicisation et d'occultation de l'enjeu public. Cette dynamique contradictoire se traduit par des requalifications juridiques de la « maltraitance » et du « viol » en « violences intrafamiliales et sexuelles », pensées en dehors du fait guerrier et en dissimulant le sexe de leurs auteurs. On met alors en évidence la constitution d'un nouveau régime juridique, fondé simultanément sur l'héritage de la tradition chrétienne de la préservation d'un ordre moral et sur l'invention du consentement individuel. Procédant enfin à l'analyse de deux affaires, nous réinterrogeons l'histoire de ces qualifications successives en analysant les controverses qui les sous-tendent. L'ensemble de ce travail a ainsi pour objectif de mettre au jour le genre du changement social et ses effets de désarticulation sur une société traversée, en moins de trente ans, par deux temps révolutionnaires, sandiniste et démocratique, eux-mêmes représentatifs des grands basculements politiques et idéologiques occidentaux de la fin du XXème siècle.