Thèse soutenue

La dimension politique de la loi naturelle chez saint Thomas d'Aquin

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Auteur / Autrice : Jean-Rémi Lanavère
Direction : Pierre ManentEmmanuele Vimercati
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Études politiques. Philosophie politique
Date : Soutenance en 2015
Etablissement(s) : Paris, EHESS en cotutelle avec Université Pontificale du Latran
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'études sociologiques et politiques Raymond Aron (Paris)
Jury : Président / Présidente : Olivier Boulnois
Examinateurs / Examinatrices : Vincent Descombes
Rapporteurs / Rapporteuses : Gianfranco Basti

Résumé

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Quand la loi naturelle est convoquée par les théories morales et juridiques contemporaines, elle l'est souvent pour fonder l'affirmation d'après laquelle lex injusta non est lex. Leo Strauss offre une genèse de cette réception dépolitisante de la loi naturelle, par contraste avec ce qu'il appelle le « caractère essentiellement politique de la doctrine classique du droit naturel », notamment chez Aristote. Cette dépolitisation remonterait au stoïcisme, mais aussi et surtout au christianisme : avec l'intervention d'un Dieu provident et législateur, la doctrine classique du droit naturel s'est transformée en doctrine de la loi naturelle, et sa dimension politique se serait perdue, comme ce serait le cas chez saint Thomas d'Aquin. L'objet de ce travail est de faire apparaître, au rebours, la dimension essentiellement politique de la doctrine thomasienne de la loi naturelle, qui se manifeste doublement : d'abord, Thomas d'Aquin use de paradigmes empruntés à la philosophie politique d'Aristote pour écrire sa doctrine de la loi naturelle comme participation, en l'homme, à la providence divine, rendant celui-ci « sibi ipsi et aliis providens » ; ensuite, la loi naturelle thomasienne n'est pas pensée sans son complément essentiel qu'est la loi politique. Cette considération renouvelée de la loi naturelle thomasienne au prisme du politique permet donc de mieux voir le caractère indispensable et insuffisant à la fois, pour la rationalité pratique, de la lex naturalis, à cause de sa trop grande généralité, mais aussi, pour Thomas d'Aquin, la dignité de l'activité législatrice et politique, à laquelle revient la tâche de particulariser la loi naturelle, c'est-à-dire de la réaliser.