Aujourd'hui pense à moi. Francis Picabia. Ego, Modernité 1913-1927
Auteur / Autrice : | Aurélie Verdier |
Direction : | Eric Michaud |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Histoire (option : histoire de l'art) |
Date : | Soutenance en 2015 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'histoire et théorie des arts (Paris) |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Yves-Alain Bois, Rémi Labrusse, Barbara Carnevali, Eric Michaud, Arnauld Pierre |
Mots clés
Résumé
« Moi je ne suis rien, je suis Francis Picabia ». C'est dans cette tension entre exaltation et rejet du moi que l'artiste a indiqué sa position dans la modernité. Son refus de l'action collective s'est exprimé au cœur de la Grande Guerre dans une œuvre centrée non pas sur l'histoire ni sur des problèmes d'ordre plastique, mais sur le moi. Personnage conceptuel de l'avant-garde, ego est articulé à l'analyse que Sigmund Freud fit en 1915 de la mélancolie, entendue comme imitation pathologique du deuil et comme perte du moi. Ce travail s'efforce de réviser certaines des certitudes les mieux établies sur l'artiste - tels que son refus de la répétition et son goût de la contradiction - pour proposer de voir dans ego un acteur capital de l'histoire des formes modernes, producteur de ses propres ruptures. Couvrant une période qui va de l'orphisme de 1913 jusqu'à la peinture maximaliste des Monstres de 1924-1927, une première partie analyse le portrait, la tache et le nom propre comme trois « objets du moi » chez Picabia, en rupture avec la représentation traditionnelle du sujet et les codes auctoriaux. Une deuxième partie examine trois exemples de procédures du peintre : d'abord, avec l'omniprésence du rond dans son œuvre, ce signe d'un moi incertain s'appareille à une autre circularité, attribué à la mélancolie et à la manie. Puis, le rapport ambivalent de Picabia à la figure de Picasso est envisagé comme alternative à l'idée d'influence. Enfin, c'est à partir du remploi secret que l'artiste fit des images mécaniques que naît la réponse réactionnelle de Picabia face à la menace d'une mécanisation de l'art désavouée dans son discours, mais repérable partout dans l'œuvre.