Art populaire, art contemporain et pratiques politiques au Moyen-Orient : entre orientalisme et Révolution égyptienne, 2000-2014
Auteur / Autrice : | Victoria Ambrosini Chenivesse |
Direction : | Jocelyne Dakhlia, Denis Vidal |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Arts : histoire et théorie |
Date : | Soutenance en 2015 |
Etablissement(s) : | Paris, EHESS |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre de recherches sur les arts et le langage (Paris) |
Jury : | Président / Présidente : Franck Mermier |
Examinateurs / Examinatrices : Thierry Dufrêne, Silvia Naef, Nicolas Puig |
Résumé
Art populaire, art de la subversion, à l'échelle locale et internationale. À partir des années 1990, l'art populaire, ainsi dénommé par les artistes contemporains d'Egypte et du Moyen-Orient, désigne une pratique antiélitiste qui détourne les esthétiques populaires, s'ancre dans le pop art et l'irruption de la vie quotidienne dans les représentations. Parmi ces esthétiques, le kitsch est emblématique. Entré dans l'art au début du XXe siècle, de nombreux artistes du Moyen-Orient s'en emparent bien qu'il concentre une critique esthétique et éthique. Il s'agit pour les artistes de produire une surenchère visuelle porteuse d'ambivalence et de faire flotter le sens de l'œuvre. Ainsi, la représentation de l'identité culturelle fait apparaître une ostentation, qui introduit une distance et une nuance, par laquelle l'artiste peut affirmer son appartenance, répondre aux injonctions des marchés locaux et internationaux et introduire une dimension ironique. De même, de nombreux sujets de l'art détournent une esthétique populaire, de façon à créer une tension qui dramatise, par le contraste entre l'apparente légèreté et la gravité contenue. Il s'agit également de subvertir la hiérarchie des valeurs de l'art, non pour en affirmer le relativisme mais pour mieux renverser l'ordre social. Avec la rupture que constituent les Printemps arabes de 2011, l'art révolutionnaire, notamment l'art urbain, qui explose, renforce et amplifie avec éclat en Egypte le projet démocratique de l'art populaire, relayé par internet, pour une audience tant locale qu'internationale. L'avant-garde politique et artistique coïncident. Le dialogue public entre les graffeurs et les gens de la rue nourrit la visée libertaire de certains d'entre eux avant que l'essoufflement révolutionnaire et le retour à un pouvoir militaire en 2014 ne marquent son reflux.