Thèse soutenue

Peinture et politique durant le fascisme italien (1922-1943) : « italianités » en conflit

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Auteur / Autrice : Lucia Piccioni
Direction : Eric MichaudMario Pezzella
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire (option : Histoire de l’art)
Date : Soutenance en 2015
Etablissement(s) : Paris, EHESS en cotutelle avec Scuola normale superiore (Pise, Italie)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale de l'École des hautes études en sciences sociales
Jury : Examinateurs / Examinatrices : Charles Alunni, Laurent Baridon, Laurence Bertrand-Dorléac, Maddalena Carli

Résumé

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L'un des principaux objectifs de cette thèse est de remettre en question le pluralisme esthétique qui caractérise la situation des arts figuratifs pendant le régime fasciste italien (1922-1943) comme garant d'une autonomie de l'art. Plutôt que de réduire les œuvres et les artistes à de simples rouages de l'appareil de propagande, cette étude veut démontrer que la peinture en particulier, façonne et parfois anticipe même l'idéologie fasciste. La notion d'« italianité » ainsi que ses déclinaisons en « latinité », « romanité » etc. Se sont dégagées comme des notions opératoires du fait de leur récurrence dans les sources textuelles artistiques et politiques. Étudiés à la lumière des études post-coloniales, ces essentialismes permettent de reconstituer l'« horizon d'attente » des représentations analysées. Or, qu'il s'agisse des figures humaines du groupe Novecento érigées par Margherita Sarfatti en emblème d'un néo-classicisme de tradition romaine, du caractère synthétique des aéropaysages futuristes qui font l'apologie de l'Italie guerrière, ou encore des nus de l'École de Rome exaltés comme des archétypes italiques, on s'aperçoit que l’« italianité » sert systématiquement à légitimer une « civilisation » renouvelée par le fascisme, autoritaire, anticosmopolite et antidémocratique. Ces recherches ont finalement pour ambition d'étudier l'« italianité » comme le fondement idéologique d'une radicalisation du discours, et d'observer comment l'art contribue au fil du temps à légitimer la suprématie de la « race » italienne sur le plan spirituel autant que biologique.