Thèse soutenue

Protéger l'enfant : mise en perspective d’une reconfiguration du statut de l’enfance

FR  |  
EN
Auteur / Autrice : Céline Loriente-Jung
Direction : Colette Bec
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie - Travail social
Date : Soutenance le 17/12/2015
Etablissement(s) : Paris, CNAM
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Abbé Grégoire (Paris)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Laboratoire interdisciplinaire pour la sociologie économique (Paris)
Jury : Président / Présidente : Mathias Gardet
Examinateurs / Examinatrices : Colette Bec, Marcel Jaeger
Rapporteurs / Rapporteuses : Dominique Ottavi

Résumé

FR  |  
EN

L’intervention publique dans l’intimité de la famille caractérise les relations de l’État et de la famille dans l’époque moderne, dont le propre est le dédoublement des espaces privé et public articulés autour de l’enfant dès lors que celui-ci est retiré de l’espace commun. Mais elle est souvent analysée du point de vue des rapports de force entre les acteurs plutôt que du point de vue de ce qui les réunit. En partant des relations contractuelles entre parents et services de l’Aide sociale à l’enfance (ASE), cette thèse analyse donc l’évolution des rapports familles-institutions au prisme du statut de l’enfance et de son évolution au cours du temps. Une étude socio-historique sur la base de dossiers de protection administrative de l’ASE depuis les années 1960 doublée, pour la période contemporaine, d’entretiens avec des parents, permet de retracer les évolutions d’un travail négocié avec la famille. La recherche fait apparaître que l’enfant prend de plus en plus une place d’acteur dans sa propre protection selon son évolution en âge et en discernement, évolution qui pourrait bien comporter un revers rendant l’enfant acteur du danger qu’il encourt au même titre que de la protection à laquelle il a droit. Cette thèse montre que si l’enfance moderne s’est construite sur l’idée d’un temps et d’un espace spécifiques consacrés à une éducation à l’écart des adultes, loin d’être unifiée, l’enfance contemporaine se voit accéder à un statut inédit qui questionne autant l’éducation familiale qu’institutionnelle. De nouveaux modes de socialisation se font jour dans un renouveau du mélange des âges sans qu’il soit sûr que l’expérience concrète et la spécificité de l’enfant y soient réellement prises en compte. L’articulation des sphères publique et privée se recompose autour de l’enfant : dans le face-à-face des parents et des institutions, la société civile pourrait prendre une place de tiers renforcée.