Citoyenneté, Laïcité, Diversité : l'école et la transmission des principes républicains
Auteur / Autrice : | Elodie Arnold |
Direction : | Serge Guimond |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Psychologie |
Date : | Soutenance le 30/11/2015 |
Etablissement(s) : | Clermont-Ferrand 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale des lettres, sciences humaines et sociales (Clermont-Ferrand) |
Partenaire(s) de recherche : | Equipe de recherche : Laboratoire de psychologie sociale et cognitive (Clermont-Ferrand ; 1984-...) |
Laboratoire : Laboratoire de psychologie sociale et de psychologie cognitive / LAPSCO | |
Jury : | Examinateurs / Examinatrices : Serge Guimond, Armand Chatard, Eva Green, Kate Reynolds |
Rapporteurs / Rapporteuses : Constantina-Elena Badea, Benoît Testé |
Mots clés
Résumé
En France, les analyses du modèle républicain d’intégration en histoire ou en philosophie politique ont très bien décrit les principes politiques et les valeurs qui sont au cœur de ce modèle, mais elles ont rarement débouché sur des analyses empiriques concrètes permettant de dépasser la réflexion théorique. Ainsi, nous disposons de très peu d’informations concernant les aspects psychologiques du modèle républicain. Cette thèse est structurée en trois chapitres composés au total de sept études empiriques distinctes. Elle cherche à répondre à deux questions fondamentales: 1) Quels sont les facteurs qui expliquent la forte adhésion des individus aux principes républicains d’égalité et de laïcité? et 2) quelles sont les incidences de cette adhésion pour le vivre ensemble? Dans le premier chapitre, deux études examinent la nature et la signification des principes républicains dans l’esprit des individus. Les résultats confirment la très forte adhésion des individus au modèle républicain, qu’il s’agisse d’enseignants de collèges et de lycées (N = 82, étude 1), ou d’étudiants à l’université dans des facultés aussi différentes que la psychologie (N = 72) ou le droit (N = 234, étude 2). En utilisant une mesure de l’attachement à la laïcité, distincte d’une mesure de l’adhésion à des principes qui caractérisent théoriquement la laïcité, l’étude 2 met en évidence, pour la première fois à notre connaissance, l’importance de distinguer deux conceptions de la laïcité: la laïcité historique égalitaire axée sur la liberté de conscience et l’égalité de respect à l’égard de toutes les croyances, rejoignant ainsi le principe d’égalité citoyenne, et la nouvelle laïcité qui valorise la relégation des pratiques religieuses à l’espace privé et l'interdiction du port de signes religieux ostensibles dans les espaces publics. Dans le deuxième chapitre, trois études examinent les facteurs psychologiques sous-jacents à l’attachement aux principes républicains (études 1, 2 et 3, chapitre 2). Comme prévu, les résultats montrent, auprès d’un échantillon représentatif de la population française (N = 1001) que l’égalité républicaine et la nouvelle laïcité sont des variables qui expliquent une part significative des préjugés anti-immigrés au delà des facteurs considérés habituellement en sociologie ou en psychologie sociale. De plus, alors que les personnes égalitaires adhérent normalement davantage à ces principes républicains que les personnes inégalitaires, les résultats montrent aussi que les personnes qui cherchent à maintenir les inégalités et la hiérarchie sociale entre les groupes se disent très attachées à la laïcité lorsqu’elles se sentent menacées culturellement (étude 1, chapitre 2), lorsqu’elles sont dans une situation potentiellement menaçante (étude 2, chapitre 2) ou lorsqu’on induit expérimentalement une menace culturelle ou symbolique (étude 3, chapitre 2). Ces résultats confirment l’hypothèse selon laquelle l’adhésion à la laïcité est malléable et peut servir de moyen socialement acceptable de parvenir à certains objectifs socialement indésirables. Le troisième et dernier chapitre porte sur le rôle de l’école dans la transmission des principes républicains. Deux études (étude 1 auprès de 300 collégiens et lycéens; étude 2 impliquant plus de 1000 élèves) valident un modèle théorique proposant que l’école publique en France a des effets importants sur l’adhésion aux principes d’égalité républicaine et de nouvelle laïcité et que les effets de l’école sur les préjugés anti-immigrés sont médiatisés par l’adhésion à ces principes. On note cependant une évolution à travers le temps, avec un déclin de l’influence du principe de l’égalité républicaine et une augmentation du rôle joué par la nouvelle laïcité. La discussion souligne les implications théoriques et pédagogiques de ces résultats.