Thèse soutenue

Inégalités de genre dans le système éducatif : une hypothèse de décalage culturel sur deux dimensions, la désirabilité sociale et l’utilité sociale
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Auteur / Autrice : Maria-Cristina Aelenei
Direction : Delphine MartinotCéline Darnon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Psychologie
Date : Soutenance le 04/12/2015
Etablissement(s) : Clermont-Ferrand 2
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des lettres, sciences humaines et sociales (Clermont-Ferrand)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Laboratoire de psychologie sociale et cognitive (Clermont-Ferrand ; 1984-...)
Jury : Président / Présidente : Vincent Yzerbyt
Examinateurs / Examinatrices : Delphine Martinot, Céline Darnon, Fabrizio Butera
Rapporteurs / Rapporteuses : Armand Chatard, Odile Hirschauer-Rohmer

Résumé

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Ce travail de thèse a pour but de proposer un modèle explicatif intégratif pour rendre compte à la fois de la suprématie des filles à l’école (cycle primaire et secondaire) et de leur parcours dans l’enseignement supérieur paradoxalement moins performant que celui des garçons.Nous proposons que le système éducatif lui-même, en tant que système social, possède une culture à laquelle les élèves et les étudiants devront s’adapter et dans laquelle ils devront réussir. Nous faisons l’hypothèse que le profil axiologique d’un élève susceptible d’être évalué positivement à l’école est construit sur des valeurs de dépassement de soi (i.e., indulgence, coopération, entraide, sagesse), créant un décalage culturel défavorable aux garçons, alors que le profil axiologique d’un étudiant susceptible d’être évalué positivement dans l’enseignement supérieur est construit sur des valeurs d’affirmation de soi (i.e., ambition, compétitivité, influence, dominance), créant un décalage culturel défavorable aux filles. Cette évaluation positive de l’élève/étudiant se décline en deux sous-dimensions : la désirabilité sociale (i.e., le degré de sympathie de l’individu) et l’utilité sociale (i.e., ses chances perçues de réussite dans un système).L’étude 1 met en évidence que les enseignants considèrent les valeurs de dépassement de soi comme utiles et désirables à l’école, alors qu’ils attribuent aux valeurs d’affirmation de soi une forte utilité dans le contexte sociétal. Les résultats des études 2 et 3 corroborent d’une part que les valeurs associées au contexte de l’école sont davantage des valeurs de dépassement de soi et moins des valeurs d’affirmation de soi, et d’autre part, que les garçons expérimentent une plus faible cohérence ‘trans-contextuelle’ entre les valeurs dans lesquelles ils sont immergés à la maison et celles par rapport auxquelles ils sont évalués à l’école. Enfin, l’étude 4 met en évidence un lien positif entre l’adhésion aux valeurs de dépassement de soi et la réussite scolaire des élèves, spécifiquement chez les garçons.L’étude 5 met en exergue que les étudiants considèrent le dépassement de soi comme faisant l’objet d’une évaluation positive en termes de désirabilité sociale, mais négative en termes de chances perçues de réussite académique (i.e., l’utilité sociale). Similairement, ils attribuent à l’affirmation de soi une évaluation positive sur le plan de l’utilité sociale, mais une évaluation négative en termes de désirabilité sociale. L’étude 6 révèle que dans un contexte académique les femmes adhérent davantage aux valeurs de dépassement de soi que les hommes, alors que les hommes adhèrent davantage aux valeurs d’affirmation de soi que les femmes. Enfin, les études 7 et 8 montrent qu’un contexte académique assignant une forte utilité sociale aux valeurs d’affirmation de soi a un impact négatif sur le sentiment d’appartenance, le sentiment d’efficacité personnelle académique et les choix académiques des étudiantes, mais pas des étudiants.