Thèse soutenue

Expression de l’affectivité dans l’espagnol du Chili : étude linguistique de quatre phénomènes prégnants

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Auteur / Autrice : Juan Luis Moreno Nilo
Direction : Serge BotetJesús Sánchez Lobato
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage - linguistique
Date : Soutenance le 26/02/2015
Etablissement(s) : Clermont-Ferrand 2 en cotutelle avec Université Complutense de Madrid (1836-....)
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale des lettres, sciences humaines et sociales (Clermont-Ferrand)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Laboratoire de recherche sur le langage (Clermont-Ferrand)
Laboratoire : Laboratoire de Recherche sur le Langage / LRL
Jury : Président / Présidente : Christian Boix
Examinateurs / Examinatrices : Serge Botet, Jesús Sánchez Lobato, Pedro Gomis Blanco
Rapporteurs / Rapporteuses : Ramón Sarmiento González

Résumé

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Cette thèse s’inscrit dans le cadre général de la linguistique descriptive et s’intéresse à l’espagnol familier d’usage au Chili, à travers les affects exprimés par les locuteurs chiliens. Notre hypothèse consiste dans le fait que l’espagnol du Chili est défini sur la base des affects, et que l’expression de ceux-ci, au niveau linguistique, est observable dans les phénomènes les plus divers, pouvant aller d’un simple morphème à une structure syntagmatique complexe. Afin de concevoir l’expression linguistique des affects d’un point de vue plus large, cette recherche vise l’étude de quatre phénomènes clairement différenciés : le suffixe –it dans le cadre de la communauté linguistique chilienne, la « paronomase orientée », le défigement phraséologique dans le domaine des locutions verbales et adverbiales et la particule illocutoire poh. Notre méthodologie consiste en l’extraction d’un nombre d’exemples conséquents pour illustrer les phénomènes choisis à partir de 103 numéros du journal chilien La Cuarta de 2010 et 2011. Parallèlement nous considérons un nombre significatif d’exemples issus de l’enregistrement de conversations menées auprès de 58 locuteurs chiliens pendant 9 heures 11 minutes et 33 secondes.Les quatre phénomènes de langue visés ont été étudiés sous le concept d’affectivité proposé par Bally (1965 [1913]), qui distingue les principes d’intensité et de valeur (1951 [1909]).L’étude de l’affectivité du suffixe –it dans le contexte chilien a révélé que l’affectivité est une propriété qui opère sur deux dimensions. Elle est, d’un côté, intrinsèque à un signe linguistique – base lexicale, suffixe –it et tout autre élément linguistique convergeant dans le discours – et, d’un autre côté, extrinsèque, car relatée à des éléments culturels ou idéologiques, et plus généralement à tout ce qui est extralinguistique. Dans les deux dimensions, l’affectivité du locuteur fonctionne comme élément de fusion et donne son vrai sens au signe linguistique. Concernant la « paronomase orientée » (terme que nous avons proposé), nous avons constaté que l’affectivité constitue la caractéristique principale de ce type de paronomase, et que son usage repose notamment sur la figure de la plaisanterie, cela étant dû à des caractéristiques communes qui se sont révélées être : la fonction ludique, l’intentionnalité comique et l’effet de surprise.La paronomase orientée, qui s’investit sur les plans phonétique, morphologique, lexical et sémantique, constitue pour nous une opération linguistique dérivative, où deux lexies simples ou complexes, qui se substituent l’une à l’autre au sein d’un énoncé, partagent des propriétés phonétiques, alors que leur contenu sémantique diverge.En liaison avec le défigement des locutions verbales et adverbiales, il s’avère que le défigement phraséologique est une activité linguistique naturelle faisant appel à la relation figurative constante entre les mots, qui permet de créer d’autres manières d’exprimer et d’actualiser les usages de termes déjà existants.L’évolution des phrases figées passe par un processus de transformation souhaité par les locuteurs au détriment des normes phraséologiques ou syntaxiques données. Cependant, l’intérêt de la création néologique intervient quand le locuteur a la possibilité de créer et de recréer des structures linguistiques nouvelles.Quant à la particule illocutoire poh, particule notamment orale qui provient du connecteur pues (Oroz : 1966), nous avons réussi à montrer que poh aide à la progression de la communication, favorisant la cohérence et la cohésion entre l'énoncé et le texte. De plus, par le truchement de poh, un accord consensuel entre le locuteur et l’interlocuteur s’établit et, à partir de cet accord, des fonctions pragmatico-affectives nouvelles surgissent.