Thèse soutenue

Individualisation versus Démocratisation ? : conditions et formes du militantisme étudiant en situation autoritaire (Cameroun, 1962-2014)

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Auteur / Autrice : Cindy Morillas
Direction : Dominique Darbon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Science politique
Date : Soutenance le 18/12/2015
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Talence, Gironde ; 2011-....)
Partenaire(s) de recherche : Equipe de recherche : Les Afriques dans le monde (Pessac, Gironde ; 2011-....)
Jury : Président / Présidente : Fred Eboko
Examinateurs / Examinatrices : Marie-Émmanuelle Pommerolle
Rapporteurs / Rapporteuses : Johanna Siméant-Germanos, Olivier Fillieule

Résumé

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Dans les situations démocratiques, « militer » et « mobiliser » tendent à être quasi synonymes de« contester ». L’analyse des militantismes étudiants en situation autoritaire au Cameroun remet cettereprésentation en cause. En nous appuyant sur l’opposition entre mobilisations contestataires etconservatrices et sur une approche sociohistorique de militantismes étudiants en situation autoritaire surcinquante années, nous distinguons deux types d’associations étudiantes. Les associations étudiantes« autonomes » sont initiées par des étudiants tandis que celles « institutionnelles » le sont par desautorités universitaires. Au sein des rares associations étudiantes autonomes, le militantisme« autonome » promeut la négociation de compromis avec les autorités malgré la diversité des dispositifsde contrôle. Ce type de militantisme tend à remettre en question les autorités lesquelles réagissent enlabellisant de « contestataires » ou de « subversifs » les militants et organisations autonomes. Au sein desplus fréquentes associations étudiantes institutionnelles, le militantisme « institutionnel » entretient descompromissions avec les autorités lesquelles peuvent favoriser un minimum d’ascension sociale et/oupolitique. Est ainsi assurée la reproduction politique et sociale du pouvoir en place. Contrairement à l’idéereçue selon laquelle les processus d’individualisation − en tant qu’affaiblissement des dispositifstraditionnels d’assignation des identités communautaires − favoriseraient la démocratisation, le régimeautoritaire camerounais trouve les ressources de sa pérennité dans des pratiques militantes opportunistesliées à des processus d’individualisation plus égoïste que morale. L’analyse de quarante-sept récits de viede leaders étudiants nous amène à distinguer trois types de carrière militante selon le degré de fidélité àl’un ou l’autre type d’association étudiante : le « leader fidèle », le « leader reconverti » et le « leadersyncrétique ». Les leaders fidèles autonomes et des leaders syncrétiques au sein d'associationsinstitutionnelles, plus résistants aux dispositifs de contrôle, élargissent le champ des possibles politiques,tant en termes de représentations que de pratiques.