Thèse soutenue

Jeux de nature, natures en jeu. Des loisirs aux prises avec l'écologisation des sociétés
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Auteur / Autrice : Ludovic Ginelli
Direction : Charles-Henry Cuin
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sociologie
Date : Soutenance le 10/04/2015
Etablissement(s) : Bordeaux
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sociétés, politique, santé publique (Bordeaux)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre Émile Durkheim - Science politique et sociologie comparatives (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Jacqueline Candau
Examinateurs / Examinatrices : Carole Barthélémy, Raphaël Larrère
Rapporteurs / Rapporteuses : Jean-Paul Callède, Jean-Louis Fabiani

Résumé

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Aujourd’hui massivement pratiqués, les « sports et loisirs de nature » sont traversés par des tensions majeures à l’œuvre dans nos sociétés. Comment sont-ils remodelés par l’écologisation des sociétés, analysée ici comme un processus à la fois cognitif, normatif et politique ? Cette problématique est traitée à partir d’usages différents par leur histoire, leurs publics et leurs techniques (chasses anciennes, kayak de mer, chasse sous-marine et chasse à l’arc) mais travaillés par des processus analogues (naturalisation des espaces, sportivisation des usages) dans deux « hauts lieux de nature » en partie protégés, le bassin d’Arcachon et les Calanques de Marseille. Pour l’analyse de tels processus socio-environnementaux, nous avons opté pour une démarche pragmatiste, en retenant notamment les concepts-clés d’expérience, de trouble, d’enquête et de prise. La thèse défendue prend à contrepied le consensus écologique apparent : lorsqu’on les observe « en action », les normalisations écologiques actuelles créent davantage de tensions et de clivages au sein des collectifs d’usagers qu’elles ne les fédèrent. En situations de co-présence au quotidien, les usagers inscrits dans d’autres mondes sociaux que ceux de l’écologie et contrariés dans leurs « passions cognitives » se montrent ambivalents envers les normalisations écologiques. Ils sont partagés entre l'impératif social d’adhésion à l’exemplarité écologique et le rejet de ses appuis normatifs, individualisants et experts (« impact », « écocompatibilité » «écoresponsabilité »). Ces appuis normatifs sont particulièrement présents dans les espaces protégés (parc national des Calanques, réserve naturelle sur le bassin d’Arcachon), où l’écologisation est portée par des acteurs mandatés, les normes sont légales ou réglementaires et traduites en dispositifs de gestion. C’est seulement en tant qu’experts que certains usagers et porte-parole peuvent se faire entendre, sans que ne changent véritablement ni le collectif des participants, ni les manières de formuler les enjeux et les réponses à apporter. Au plan théorique, ces résultats interrogent certaines propositions du pragmatisme. D’un point de vue plus politique, ils nous amènent également à discuter les appuis normatifs des écologisations contemporaines.