L'expérience d'oscillation identitaire dans des dispositifs lectoriels
Auteur / Autrice : | Hélène Crombet |
Direction : | Patrick Baudry |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sciences de l'information et de la communication |
Date : | Soutenance le 07/07/2015 |
Etablissement(s) : | Bordeaux 3 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Médiation, Information, Communication, Art (Pessac, Gironde) |
Jury : | Président / Présidente : Jacques Walter |
Examinateurs / Examinatrices : Patrick Baudry, François Jost, Alain Mons, Raphaël Baroni | |
Rapporteur / Rapporteuse : Jacques Walter, François Jost |
Mots clés
Résumé
Ma thèse porte sur « l'expérience d'oscillation identitaire dans des dispositifs lectoriels » : à l'aune d'une approche pragmatique et interactionniste de la lecture, je considère les romans de mon corpus comme des « dispositifs », qui permettent au lecteur de faire l'expérience d'un entre-deux. Attendu que certaines « façons de lire » peuvent soulever des « manières d'être », je fais émerger une perspective ontologique du sujet, comprise dans un processus de subjectivation dual qui fait alterner des moments de battements pendulaires entre dépossession et repossession de soi. Mon corpus de romans de la littérature française du XXIe siècle a pour particularité de relater la guerre d’Algérie, dans une mise en récit qui tend à projeter le lecteur dans la pensée des personnages de fiction, constituant des supports de son identification. Il est ainsi amené à faire l’épreuve de deux expériences d’oscillation identitaire. La première serait caractérisée par une forme d’altération relative, dans la rencontre du lecteur avec une simple « inquiétante étrangeté ». Il peut ainsi faire l’expérience d’un processus d’« hallucination paradoxale ». La seconde devrait être conçue comme une expérience d’altération radicale : dans certains romans de mon corpus, le sujet est invité à se projeter dans la pensée de personnages de fiction sadiques. Cette projection ébranle catégoriquement les frontières liminaires de son identité, car il est amené à s’appréhender comme radicalement séparé de lui-même à travers un processus d’« hallucination négative ». Ce deuxième degré d’altération fait émerger une émotion duale, l’abjection, entre fascination et révulsion. On pourrait considérer que ce sentiment de révulsion le protègerait, en lui permettant de ne pas s’annihiler dans ce tréfonds déchaîné qu’il est amené à découvrir en lui-même ; et ce phénomène de ressaisissement apparaît d’autant plus tangible que ces romans, « excentriques », suscitent un phénomène de distanciation du lecteur. Il doit ainsi faire l’effort de reconfigurer de lui-même l’agencement apparemment informel qui lui est livré, tout se passant comme si l’acte de reconfiguration de la mise en récit semblait advenir avant la mise en récit elle-même. Pensés comme des dispositifs, ces romans permettent au lecteur de faire l’expérience d’un entre-deux. Cette expérience pourrait renvoyer à un seul phénomène de re-connaissance originaire. Mais l’expérience de ces romans, considérés comme des « espaces transitionnels » occupés par des personnages comme « sujets transitionnels », soulèverait également un processus de « personnation » dynamique et permanent du sujet avec lui-même.