Thèse soutenue

De l'idiot au fou dédoublé : recherches sur les interprétations de la folie dans l'art actuel russe

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Auteur / Autrice : Alice Cazaux
Direction : Pierre Sauvanet
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Arts (Histoire, Théorie, Pratique)
Date : Soutenance le 19/06/2015
Etablissement(s) : Bordeaux 3
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Montaigne-Humanités (Pessac, Gironde ; 2007-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Cultures, Littératures, Arts, Représentations, Esthétiques (Pessac, Gironde)
Jury : Président / Présidente : Sabine Forero-Mendoza
Examinateurs / Examinatrices : Pierre Sauvanet, Anastasia Igrievna Vinogradova, Andrej Vladimirovič Erofeev, Galina Ilʹinična Kabakova
Rapporteurs / Rapporteuses : Sabine Forero-Mendoza, Anastasia Igrievna Vinogradova

Résumé

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Ce travail propose une lecture de la création artistique russe actuelle – 1990-2010 – au regard de l’histoire qu’elle entretient avec la folie grâce à l’analyse de personnages qui émaillent son paysage culturel. Que ces derniers soient jugés fous – fols-en-Christ ou jurodivye, artistes romantiques, dissidents internés en Union soviétique – ou qu’il s’agisse de figures traditionnelles d'idiots – Ivan le simple, le prince Mychkine de Dostoïevski –, un pont sera créé qui reliera ces archétypes et certaines pratiques de l’extrême contemporain, allant jusqu’à la prière-punk des Pussy Riot. Cette étude porte sur le concept d’une idiotie comme posture artistique permettant à l’artiste de se faire le médiateur d’une vérité – politique, religieuse ou sociale. Avançant masqué, il révèle ainsi les glissements sémantiques opérés entre les notions de « folie » et de « norme », en parallèle des rapports qu’entretiennent « art » et « politique ». L’histoire de la folie en Russie sera par ailleurs abordée à travers diverses formes d’envol – compris d’un point de vue métaphysique comme un escapisme de la raison. La littérature servira de socle à une première analyse de la figure romantique de l’artiste maudit à la raison vacillante, celle-ci ensuite mise à mal par les créateurs postmodernes qui déconstruisent aussi bien le mythe du saint idiot que celui du génie artistique, par l’incarnation d’un créateur sot reproduisant des formes sans en saisir le sens. Certains en appellent de surcroît, directement ou non, à la figure ancestrale du jurodivyj afin d’élaborer des postures critiques, parfois scandaleuses, envers les pouvoirs politique et religieux. Considérant les réactions virulentes que peuvent susciter les pratiques actuelles, et grâce à l’étude d’œuvres problématiques représentatives, les causes de leur rejet deviendront explicites. Il sera ainsi permis d’envisager ces créations, paraissant en rupture avec l’ordre établi, dans leur ancrage au sein d’une tradition historique et littéraire de la folie.