Thèse soutenue

"Ces étudiants étrangers qui restent ou qui veulent rester" : résonance de discours en circulation sur l'immigration dans les récits d'étrangers diplômés en Suisse, candidats à "l'établissement"
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Auteur / Autrice : Alessandra Keller-Gerber
Direction : Marion PerrefortAline Gohard-Radenkovic
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences du langage
Date : Soutenance le 12/11/2015
Etablissement(s) : Besançon en cotutelle avec Université de Fribourg (Fribourg, Suisse)
Ecole(s) doctorale(s) : Ecole doctorale Langages, Espaces, Temps, Sociétés (Besançon ; 1991-2016)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Edition, Langages, Littératures, Informatique, Arts, Didactiques, Discours (ELLIADD) (Besançon) - Edition, Littératures, Langages, Informatique, Arts, Didactique, Discours [Besançon]
Jury : Président / Présidente : Philippe Blanchet
Examinateurs / Examinatrices : Marion Perrefort, Aline Gohard-Radenkovic, Philippe Blanchet, Bruno Maurer, Michel Viegnes, Andrée Chauvin-Vileno, Uberto Motta
Rapporteurs / Rapporteuses : Philippe Blanchet, Bruno Maurer

Résumé

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De par ses réseaux catholiques et son bilinguisme français / allemand, l'université de Fribourg a été la plus internationale de Suisse. A partir des années 60, la Confédération helvétique avait ouvert à Fribourg une école préparant aux études universitaires, visant un public international dont le diplôme du secondaire n'était pas reconnu (les CIUS). En 2011, la fermeture de cette école fut symptomatique d'un changement de profil de l'étudiant étranger en Suisse: l'étudiant en provenance de pays exotiques et lointains – inscrit en bachelor pour un cursus de longue durée, venu en qualité de free mover ou soutenu financièrement par une bourse de coopération – laissa progressivement sa place à un autre type d'étudiant, occidental, venu par le biais de programmes d'échange tels qu'Erasmus. Ayant travaillé précédemment sur la figure de l'étudiant de mobilité courte dans diverses études basées sur des récits de vie, nous nous sommes posée la question suivante : la manière de se dire d'un ex-étudiant de mobilité, ayant décidé de poursuivre ses études en Suisse, puis d'y rester en tant que diplômé hautement qualifié, varie-t-elle par rapport au discours sur soi d'un étudiant de type Erasmus ? Ce travail s'encre dans le champ de la didactique des langues et des cultures étrangères. Il s'agit d'une recherche qualitative, menée dans une perspective anthropologique. Nos outils d'analyse s'inspirent d'autres disciplines, telles que la sémiotique ou la narratologie. Notre cadre théorique porte sur l'étudiant de mobilité et le migrant hautement qualifié, deux figures sociologiques limites par lesquelles les personnes que nous avons interrogées sont passées, ou vont passer. Ce cadre s'est centré, en outre, sur les rapports entre récit et fabrication de l'identité dans des contextes de mobilité. Nous considérons, sur le plan méthodologique, le récit de vie comme le produit d'une situation d'énonciation spécifique : celle d'organiser des souvenirs – des soi passé(s) – en fonction d'une formulation de soi au présent, qui se construit en réponse à une commande. Cet autoportrait peint à deux mains fera appel à des voix de tiers absents s'étant – dans le passé – exprimés sur ce soi remis en scène pour l'entretien. Le premier volet d'analyse vise l'établissement d'un paysage discursif autour de la question des étudiants étrangers / travailleurs étrangers hautement qualifiés en Suisse – via l'étude d'un corpus de presse. Le second volet s'attelle au corpus des récits de vie dans le but d'appréhender, puis de typifier, les stratégies de mise en scène de soi (et de l'autre) de chacun des narrateurs. Le volet conclusif reprend transversalement ce corpus principal dans le but de voir apparaître – dans ce contexte – des typologies de narrateurs : ces diplômés, candidats à l'établissement, reprennent-ils dans l'autoportrait qu'ils nous livrent les discours produits sur leur compte dans les médias ? La nature performative du dispositif de recherche est questionnée, enfin, pour comprendre si le récit « d'établissement » via les études peut être considéré comme un récit de mobilité spécifique.