Thèse soutenue

Le système aide-projet mondial et la problématique du développement en Haïti : quelles externalités locales
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Auteur / Autrice : Christophe Providence
Direction : Fred Célimène
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Sciences économiques
Date : Soutenance le 27/11/2015
Etablissement(s) : Antilles
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale pluridisciplinaire (Pointe-à-Pitre ; 1996-2015)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Centre d'étude et de recherche en économie, gestion, modélisation et informatique appliquée (Schoelcher, Martinique)
Jury : Président / Présidente : Kinvi Logossah
Examinateurs / Examinatrices : Fred Célimène, Kinvi Logossah, Denis Martouzet, Nelson Sylvestre
Rapporteurs / Rapporteuses : Denis Martouzet, Nelson Sylvestre

Résumé

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Depuis la chute du régime des Duvalier en 1986, Haïti se veut un État démocratique dans lequel les pratiques du développement territorial insistent sur l’implication et la participation des acteurs locaux. Les principes de la décentralisation sont alors proclamés impliquant une volonté de l’État haïtien de transférer des compétences et des moyens aux collectivités territoriales, dans le cadre de services publics de proximité. Deux phénomènes allaient marquer la société haïtienne à partir de cette date. Le premier est l’ouverture du pays aux échanges commerciaux (à l’échelle internationale) et le second revoie à la prolifération des ONG et de petits projets locaux dits de développement. Ces deux phénomènes traduisent, dans un sens large, la mise en projet du territoire haïtien à partir de ce que l’on appelle « le système aide-projet international ».Cette thèse poursuit deux grands objectifs conduisant à deux modèles différents, mais interreliés. Le premier objectif est de s’interroger sur les fondements de la dépendance politico-économique d’Haïti (dans une large mesure tous les PMA) dans le contexte d’aide publique au développement. Il s’agit de prendre en compte les dynamiques internes de son système de production (basé sur l’aide-projet) à partir des choix de politiques publiques de développement appliqués. Le second objectif s’intéresse aux disparités, à la fois spatiales et socioéconomiques, qui caractérisent le système aide-projet lui-même. Pour les étudier, la démarche s’interroge sur les externalités générées par le système tout en mettant l’accent sur les liens de proximités (géographique et organisée) des projets par rapport aux acteurs territoriaux.Les questions spatiales partent du postulat que les acteurs ou les territoires sont affectés par ce qui se passe dans son environnement et davantage dans son voisinage. Dans ce cas, leur proximité impose des comportements qui sont proportionnels avec la variabilité des facteurs. Autrement dit, chaque territoire (communal), accueillant un nombre de projets locaux, diminue les chances d’un autre territoire de les accueillir si l’on maintient le principe d’affectation dans le système aide-projet. Cela implique que les projets ont tendance à se concentrer en un petit nombre de territoires communaux alors que leur volume d’activité est très faible ailleurs. De ce fait, les populations locales ont tendance à immigrer vers les territoires ou lieux privilégiés, ce qui accentue les disparités territoriales et entraîne l’élargissement des bidonvilles. De la même manière, les acteurs locaux se spécialisent et deviennent plus efficaces pour attirer des projets (ou des ONG) en offrant une image pitoyable : la misère remplace la pauvreté.Si la prolifération des ONG, dans un pays comme Haïti, a progressé de manière régulière depuis 1986, le décollage économique n’a pas véritablement suivi. L’approche spatiale du système aide-projet apporte de nouvelles réflexions et de nouvelles hypothèses, sur les effets de distribution de l’aide par rapport au renforcement des liens de proximités (géographique et organisée) entre les acteurs locaux et leurs territoires. Elle montre que les ONG sont mobiles sur le territoire national et les projets locaux vont se regrouper lorsqu’un territoire communal expose son état de misère et offre aux ONG une bonne publicité sur le plan d’image. Dans les cas contraires, les projets seront dispersés. Il s’agit là d’un apport considérable dans l’analyse des effets (directs ou indirects) de distribution des projets locaux par rapport à la problématique du sous-développement en Haïti. Alors, on peut raisonner en matière de rendements du système aide-projet par rapport à cette problématique de développement territorialisé.