Les micro-organismes du microbiote fromager survivent-ils à la digestion et peuvent-ils avoir un effet immunomodulateur sur l’hôte ?
Auteur / Autrice : | Nadège Adouard |
Direction : | Pascal Bonnarme |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Microbiologie |
Date : | Soutenance le 26/01/2015 |
Etablissement(s) : | Paris, AgroParisTech |
Ecole(s) doctorale(s) : | Ecole doctorale Agriculture, Alimentation, Biologie, Environnement, Santé (Paris ; 2000-2015) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Génie et Microbiologie des Procédés Alimentaires - GMPA |
Jury : | Président / Présidente : Sophie Landaud |
Examinateurs / Examinatrices : Sophie Landaud, Christophe Lacroix, Claire Le Marrec, Jean Fioramonti, Annabelle Zgoda, Daniel Picque | |
Rapporteurs / Rapporteuses : Christophe Lacroix, Claire Le Marrec |
Résumé
L’industrie agroalimentaire utilise une grande diversité de micro-organismes lors de la fabrication d’aliments fermentés tels que le fromage. La plupart de ces micro-organismes sont vivants lors de leur ingestion. En partant de ce constat, notre travail a eu pour objectif d’étudier la réponse au stress digestif de micro-organismes issus du microbiote de fromage à pâte molle ainsi que de caractériser leur potentiel immunomodulateur.La première partie de ce travail a consisté à investiguer la résistance au stress digestif d'une sélection de 35 micro-organismes (bactéries, levures et un champignon filamenteux). Pour cela, nous avons conçu une méthode de digestion in vitro en trois étapes consistant en une exposition aux stress rencontrés respectivement dans (i) l’estomac, (ii) le duodenum, (iii) l’estomac puis le duodénum. Dans le même temps, nous avons déterminé le potentiel immunomodulateur in vitro de ces micro-organismes en utilisant des PBMCs. Les résultats ont montré une forte résistance aux stress digestifs in vitro de la part des levures. Les bactéries ont donné des résultats plus contrastés. Les profils PBMCs ont donné les levures comme plutôt anti-inflammatoires (à l’exception d’une espèce) tandis que les bactéries ont répondu de manière plus contrastée avec des profils parfois différents au sein d’une même espèce.La seconde partie des travaux a permis de développer le Digesteur Dynamique Gastro-Intestinal (DIDGI) et à utiliser une sélection réduite de micro-organismes pour aborder l’influence de leur croissance en condition d’affinage sur leur capacité à résister au stress digestif. Dans le même temps, nous avons évalué la résistance à la digestion de ce même microbiote in vivo (modèle murin). La croissance en fromage a eu une incidence sur certaines bactéries et levures quant à leur capacité à survivre aux expérimentations DIDGI. Une part importante des micro-organismes utilisés a conservé sa viabilité après ingestion par des souris.La troisième partie de ce travail a consisté à (i) fabriquer deux fromages dont les microbiotes possédaient, a priori, des profils immunomodulateurs opposés puis à (ii) nourrir des souris auxquelles nous avions provoqué deux types de colites. Dans le premier modèle, les symptômes ont été (en tendance) légèrement exacerbés, quel que soit le profil immunomodulateur du fromage. Dans le second modèle, le fromage ''pro-inflammatoire'' a significativement aggravé les symptômes de la colite.La quatrième et dernière partie des travaux a consisté à caractériser la réponse moléculaire d’une bactérie à Gram-positif et d’une bactérie à Gram-négatif. Pour cela, le même type d’approche ''stress digestif batch'' que dans la première partie de la thèse, a été retenue, couplée à une analyse du transcriptome après séquençage RNAseq. Les résultats ont montré que les deux bactéries pouvaient sur-réguler ou sous-réguler une part importante de leur métabolisme. D’après cette analyse préliminaire, nous avons identifié des mécanismes communs aux deux bactéries ainsi qu’un certain nombre de réponses semblant plus spécifiques au sein de chacune des deux espèces.