Thèse soutenue

Histoire de l'évolution de l'écriture à Madagascar et relecture de la résistance de Menalamba à travers les manuscrits malgaches du XIXème siècle : ''les diary fahizay'' (1863-1905)

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Auteur / Autrice : Dama Herizo Ravelomanana
Direction : Jean-Claude Yon
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Histoire
Date : Soutenance en 2014
Etablissement(s) : Versailles-St Quentin en Yvelines

Mots clés

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Mots clés contrôlés

Résumé

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Quand on évoque le terme « résistants », les Malgaches pensent avant tout aux résistants de 1947 « ny Mpitolona 1947 » et, seulement, dans une moindre mesure aux Menalamba. Premiers maquisards et premiers résistants à la colonisation ils sont, pourtant, toujours l’objet d’inspirations idéologiques et à l’origine des idées fondatrices de tous les mouvements politiques, nationalistes, à Madagascar et ailleurs. Le but de cette thèse est de revisiter l’histoire des Menalamba, en utilisant les sources primaires originales en langue malgache, relues par des méthodes différentes des procédés antérieurs. Les Malgaches ont, en effet, au XIX° siècle, consigné par écrit leur histoire personnelle et familiale dans les Diary fahizay, sources méconnues et insuffisamment exploitées sur le plan scientifique. Elles constituent le point de départ de ce travail. La civilisation malgache est décrite comme une civilisation essentiellement orale. La première partie de cette thèse étudie le passage de cette civilisation orale à celle de l’écrit. Les résultats scientifiques, historiques, archéologiques et même génétiques, les plus récents, ont complètement bouleversé l’historiographie. Jusqu’ici, elle s’est essentiellement focalisée sur l’antagonisme colonial et anticolonial. L’histoire de Madagascar est, ainsi, décrite comme une succession de dominations et de soumissions, de guerres et de conquêtes. Les nouvelles découvertes font réfléchir et imposent d’autres orientations : l’étude des échanges culturels et de la multi-culturalité sont incontournables. La seconde partie de cette thèse analyse les Diary fahizay, des journaux personnels. Comme son nom l’indique, il vient du mot anglais, diary. Fahizay signifie du temps « des nôtres » ou « de nos ancêtres ». Leur étude permet de comprendre le parcours de leurs auteurs, mais également l’évolution du contexte historique, à Madagascar au XIXème siècle. Les Malgaches n’évoquent, jamais, le mot Diary sans se référer au passé ancestral « sacré », à sa famille, son ascendance et sa descendance. Si jusqu’à là, l’écrit a été utilisé dans le cercle restreint des érudits dans le but d’asseoir le pouvoir traditionnel, le sorabe, désormais il va conduire à une occidentalisation de chaque famille, le soratra. C’est l’écrit qui a été le vecteur de la mutation sociale. Si certains travaux se sont intéressés aux Diary fahizay des principaux dignitaires du XIXème siècle plus particulièrement ceux de Raombana, de Rainilaiarivony, de Rainandriamampandry et de Rakotovao, et ceux écrits par les résistants Menalamba restent insuffisamment exploités. Une étude descriptive des Diary de Rabezavana, de Rabozaka et des manuscrits concernant Rainibetsimisaraka, la trilogie Menalamba, a également été nécessaire. La troisième partie de cette thèse concerne l’apport scientifique des Diary fahizay dans la compréhension des conséquences économiques et sociales de la colonisation à Madagascar. C’est surtout dans le domaine économique que les Malgaches ont le plus abandonné leur héritage ancestral. L’or et les mines, l’élevage du Zébu, l’exploitation des rizières et les terres des anciens sont les exemples choisis dans ce travail, afin d’illustrer cet abandon. Il s’agit d’une étude comparative des modes d’exploitation ancestrale (gérée par les mythes - angano -, par les traditions – fomba -, et par les tabous ou interdits - fady) et de la conquête économique entreprise par le biais de la modernisation coloniale. Sur le plan social, l’étude des effets de la colonisation sur l’évolution du genre présente également un grand intérêt scientifique, car la société malgache passe avec le temps, d’une société matrilinéaire harmonieuse et pacifique, à une société coloniale patriarcale. Cette thèse vise à mettre en évidence l’histoire multiculturelle de la société malgache. Elle souligne l’importance des sources primaires en langue locale, parmi lesquelles les Diary fahizay, longtemps sous-estimées, tant du point de vue de leur traduction, que de leur interprétation. Il nous a donc semblé important de les relire avec les méthodes propres à l’historien. Cette thèse ouvre, ainsi, des perspectives de recherche nouvelles et inédites sur l’histoire de Madagascar.