De la nutrition à l'étiquetage nutritionnel : une histoire de la domestication marchande et politique des nutriments
Auteur / Autrice : | Laure Séguy |
Direction : | Franck Cochoy |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 25/09/2014 |
Etablissement(s) : | Toulouse 2 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Temps, Espaces, Sociétés, Cultures (Toulouse) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Centre d'étude et de recherche Travail, organisation, pouvoir (Toulouse ; 1994-....) |
Jury : | Président / Présidente : Jean-Pierre Poulain |
Examinateurs / Examinatrices : Franck Cochoy, Sophie Dubuisson-Quellier, Pascale Trompette, David Demortain | |
Rapporteur / Rapporteuse : Sophie Dubuisson-Quellier, Pascale Trompette |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
La thèse propose de retracer l’histoire de l’utilisation et de l’encadrement des informations relatives à la qualité nutritionnelle des produits alimentaires circulant sur les marchés. Elle s’inscrit ainsi dans le cadre de la sociologie économique en s’intéressant plus particulièrement et dans une perspective historique à l’émergence de dispositifs visant à « équiper » le choix nutritionnel des consommateurs. Parmi ces dispositifs, l’étiquetage nutritionnel et les allégations nutritionnelles et de santé, correspondant, pour le premier, à la manifestation scripturale et réglementaire de la qualité nutritionnelle des produits agroalimentaires et, pour les secondes, à son utilisation marketing, sont au cœur de l’étude. Après avoir retracé les débuts de l’utilisation marketing de la dimension santé des aliments, à travers l’exemple des campagnes publicitaires de la fin du dix-neuvième siècle de la marque américaine d’avoine pour le petit déjeuner Quaker Oats, la thèse se concentre sur l’évolution des règlements encadrant à la fois étiquetage et marketing nutritionnels. Elle prend ainsi comme point de départ l’Amérique des années quarante pour arriver finalement à la situation européenne actuelle et opère donc un déplacement à la fois chronologique et géographique entre l’Amérique et l’Europe, en passant par l’Angleterre. Ce déplacement permet de mesurer les difficultés propres à la mesure nutritionnelle des aliments, à son expression et à sa mobilisation dans le cadre de stratégies aussi bien privées que publiques qui visent à orienter, persuader et équiper les individus dans leurs choix de vie et de consommation. L’étude montre en outre qu’au niveau européen, les notions de santé et de bonne alimentation, au-delà des avancées et controverses scientifiques en la matière, ont aussi des déclinaisons différentes selon les pays et les secteurs d’activités. Ainsi, en matière de réglementation des informations nutritionnelles marchandes, les pays du Nord tels que le Royaume-Uni ou les pays Nordiques ont depuis une vingtaine d’années au moins, intégré cette réglementation dans le cadre de politiques de santé publique plus globales, contrairement aux pays du Sud comme la France ou l’Italie. Ces différences se retrouvent ainsi au niveau européen, comme en témoigne le règlement européen n°1169/2011, voté en 2011. Ce règlement, bien qu’ayant rendu l’étiquetage nutritionnel obligatoire, est marqué par des incohérences et des faiblesses qui reflètent bien les difficultés propres à la « capture » des caractéristiques nutritionnelles des produits et à leur « mise en boîte ».