Etude de la réponse immunitaire cellulaire T dans les cancers colorectaux à instabilité microsatellitaire en vue du développement de nouvelles stratégies d'immunothérapies
Auteur / Autrice : | Pauline Maby |
Direction : | Thierry Frébourg |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Biologie |
Date : | Soutenance en 2014 |
Etablissement(s) : | Rouen |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Normande de biologie intégrative, santé, environnement (Mont-Saint-Aignan, Seine-Maritime) |
Résumé
Les cancers colorectaux (CCR) à instabilité microsatellitaire (MSI) représentent 15 % des CCR et se développent notamment chez les patients jeunes présentant un syndrome de Lynch, la forme héréditaire de ces cancers la plus fréquente. Il est couramment admis que les mutations décalant le cadre de lecture de gènes contenant des séquences répétées codantes, qui affectent les CCR MSI, sont à l’origine de la synthèse de néo-antigènes reconnus par des lymphocytes T cytotoxiques (LTC), ce qui expliquerait à la fois le bon pronostic et le fort infiltrat de LTC qui caractérisent ces CCR MSI. Cependant le rôle des lymphocytes T (LT) infiltrant ces tumeurs MSI n’a à ce jour pas été clairement établi. Ainsi, nous avons entrepris d’étudier la réponse immunitaire cellulaire T dans les CCR MSI. Pour cela, dans 122 tumeurs colorectales MSI, issues de deux séries indépendantes, nous avons quantifié les densités de LT totaux (CD3+), cytotoxiques (CD8+) et régulateurs (FOXP3+), grâce à la technologie des puces tissulaires (tissue microarray). Parallèlement, dans ces tumeurs, nous avons analysé les mutations décalant le cadre de lecture, ou mutations frameshift, dans 19 gènes contenant des séquences répétées codantes, grâce à deux PCR multiplexes. Dans notre principale série de patients (n=86), un infiltrat de cellules FOXP3+ plus dense était associé à une absence de signes précoces d’invasion métastatique, suggérant que, malgré l’immunogénicité particulière des CCR MSI, les LT régulateurs infiltrant ces tumeurs pourraient être associés à un pronostic amélioré, comme cela a déjà été montré pour l’ensemble des CCR. Quant à l’infiltrat de cellules CD8+, sa densité augmentait significativement avec le nombre de mutations frameshift retrouvées dans les tumeurs colorectales MSI. De plus, la densité de LT CD8+ était plus forte quand le gène ASTE1, HNF1A ou TCF7L2 était muté. Ces résultats suggérent que les mutations décalant le cadre de lecture, et particulièrement celles de ces trois gènes, pourraient générer des néo-antigènes immunogènes reconnus par des LTC spécifiques. Nous avons ensuite exploité l’immunogénicité de ces néo-antigènes en développant une stratégie d’immunothérapie cellulaire adoptive personnalisée, basée sur l’activation in vitro de LTC spécifiques de néo-antigènes issus de mutations frameshift présentes dans la tumeur d’un patient donné. Des cellules présentatrices d’antigène artificielles développées au laboratoire nous ont permis d’activer, de manière simple et efficace, des LTC anti-tumoraux de deux patients présentant un syndrome de Lynch. Le but de ces travaux, à plus long terme, serait de pouvoir proposer aux patients atteints de CCR MSI, et notamment aux patients jeunes présentant un syndrome de Lynch, de nouvelles stratégies d’immunothérapie cellulaire adoptive personnalisées, ciblant des néo-antigènes issus de mutations spécifiques de leur tissu tumoral.