L'équilibre asymétrique : une ethnographie de l'antagonisme entre les Kakataibo et les Shipibo d'Amazonie péruvienne
Auteur / Autrice : | Magda Helena Dziubinska |
Direction : | Patrick Menget, Philippe Erikson |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ethnologie |
Date : | Soutenance le 04/12/2014 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Espaces, Temps, Cultures (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Laboratoire d'ethnologie et de sociologie comparative (Nanterre ; 1967-...) |
Jury : | Président / Présidente : Anne-Marie Losonczy |
Examinateurs / Examinatrices : Patrick Menget, Philippe Erikson, Anne-Marie Losonczy, Pirjo Kristiina Virtanen, Jean-Pierre Chaumeil, Pierre Déléage | |
Rapporteur / Rapporteuse : Anne-Marie Losonczy, Pirjo Kristiina Virtanen |
Mots clés
Résumé
« Les Shipibo nous doivent un jeu !» - disent les Kakataibo en insistant sur le caractère contraignant du système d'échange de fête dans lequel ils sont engagés aujourd'hui avec leurs anciens ennemis. L'objectif de ce travail est de fournir une ethnographie du rapport antagoniste entre les deux groupes de la famille linguistique pano du bassin de l'Aguaytía, en Amazonie péruvienne. Il entend également d'offrir un nouvel aperçu sur les propositions théoriques concernant la socialité, et plus précisément l'inimitié, dans les basses terres qui dominentl'anthropologie amazoniste depuis plus de vingt ans, en les confrontant avec un matériel ethnographique récent.L'abandon des pratiques guerrières qui étaient jadis le modus operandi privilégié entre les ennemis, ainsi que l'intensification des contacts avec la société nationale et avec les Blancs ont engendré les nouvelles formes du rapport entre les groupes amérindiens. Si la figure de l'ennemi est toujours indispensable dans les constructions identitaires récentes, nous ne sommes plus ici dans la logique de la prédation ontologique. L'exemple de la fête de la communauté native est dece point de vue particulièrement parlant. Une monnaie d'échange entre les chefs de villages adverses, les différentes séquences de la fête laissent entrevoir la pluralité des formes relationnelles que les Kakataibo entretiennent avec leurs différents affins. Tandis que l'idiome sorcellaire qu'ils mobilisent pour parler du football produit l'asymétrie et la distance avec leurs affins potentielles - les Shipibo, la mise en scène d'une femme blanche, belle, intelligente et érotisée par les filles kakataibo lors du concours de beauté a pour effet, au contraire, de séduire les Métis, les affins réels.En analysant les différents types d'interactions que les Kakataibo ont avec leursadversaires, je me propose de saisir l'image qu'ils ont d'eux-mêmes, leur rapport à soi et la manière dont ils se projettent dans le réseaux social de la région.