Quand Kumbhakār libère les eaux : théâtre, musique de biṇ bādy et expression rituelle dans le lkhon khol au Cambodge
Auteur / Autrice : | Stéphanie Khoury |
Direction : | Gilles Tarabout |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Ethnomusicologie |
Date : | Soutenance en 2014 |
Etablissement(s) : | Paris 10 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Espaces, Temps, Cultures (Nanterre, Hauts-de-Seine ; 2000-....) |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Le présent travail porte sur la pratique du lkhon khol attachée au monastère bouddhique de Svāy Aṇtaet, en Kandal. Ce théâtre d’hommes masqués met en scène des épisodes guerriers du Rāmakerti, version khmère du Rāmāyaṇa indien, soutenu par un orchestre de biṇ bādy. Les danseurs miment la trame de l’épopée que déclament des narrateurs tandis que des bouffons viennent ponctuellement en perturber le jeu. Le lkhon khol est un rituel saisonnier se tenant au début d’un nouveau cycle annuel, mi-avril. La représentation est encadrée par des cérémonies d’ouverture et de clôture du rite qui relient le jeu aux expressions religieuses locales. Ce théâtre est alors une offrande aux esprits tutélaires du sol sur lequel se trouve le monastère et permet à la population de renouveler les liens qui la lient à ces entités. Cette étude monographique présente un rite complexe dont l’analyse croise différentes approches complémentaires. L’acte théâtral est induit par l’expérience collective que partagent les artistes. Il se construit ainsi sur la base d’associations entre des référents sonores (musique, parole) et corporels (danse, présence scénique). L’analyse des représentations met en avant une construction particulière de la mise en scène qui préfigure l’ordre cosmique et la fertilité agraire. La pertinence sociale du rite est examinée à travers la façon dont se prépare et se tient le théâtre, par la mémoire sociale qui se crée autour de sa pratique et par l’expression religieuse collective qu’il constitue. Enfin, considérer le lkhon khol et le biṇ bādy dans une perspective régionale et historique permet de replacer l’expression rurale au sein de la sphère socioreligieuse khmère.