Etude mécanique des adhésions cellule-cellule : Rôle de l'interaction α-caténine/vinculine dans la mécanotransduction des contacts intercellulaires
Auteur / Autrice : | Rima Seddiki |
Direction : | Benoît Ladoux, René-Marc Mège |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Frontières du vivant |
Date : | Soutenance en 2014 |
Etablissement(s) : | Paris 7 |
Mots clés
Résumé
La mécanique tissulaire est importante pour la morphogenèse, l'homéostasie des tissus ainsi que pour la cicatrisation des plaies. Les cellules exercent des forces mécaniques sur leurs voisines, au niveau des sites d'adhésion cellule-cellule, typiquement via les cadhérines. Les cadhérines agissent comme des mécanotransducteurs permettant aux adhésions intercellulaires de percevoir, de transmettre et de s'adapter au stress mécanique. Cependant, très peu de données existent permettant d'expliquer les mécanismes mis en jeu dans la mécanotransduction au sein des adhésions cadhérine-dépendantes. Notre équipe a récemment montré que l'α-caténine se déplie de manière réversible, sous l'effet de l'application d'une force à l'aide de pinces magnétiques permettant ainsi la liaison d'une autre protéine de liaison à l'actine, la vinculine. Cela suggère que la liaison de la vinculine dépendante de la tension à l'a¬caténine est essentielle pour la mécanosensibilité des adhésions cadhérines. Mon projet de thèse visait à étudier, au sein de feuillets épithéliaux, les mécanismes moléculaires et cellulaires responsables du renforcement et de l'adaptation des jonctions intercellulaires aux contraintes mécaniques. J'ai étudié en particulier la contribution de l'α-caténine, protéine qui assure le lien entre les cadhérines et l'actine et de sa partenaire la vinculine, à la perception et à la transduction des forces mécaniques au niveau des contacts cellule-cellule. J'ai construit deux formes mutantes d'α-caténine fusionnées à la GFP : l'une portant une mutation ponctuelle dans le domaine de liaison à la vinculine (L344P), la seconde délétée des domaines de modulation MI et MII (DeltaMod). Le mutant L344P ne lie pas la vinculine, contrairement au mutant DeltaMod qui la lie de manière constitutive. L'expression des deux mutants, dans des cellules MDCK dépourvues d'a-caténine, restaure les contacts intercellulaires, bien que le mutant L344P ne permet pas le recrutement de la vinculine. Les analyses de FRAP ont montré que la vinculine stabilise l'a-caténine aux contacts cellule-cellule. Par la suite, en cultivant les cellules MDCK sur des substrats de rigidité contrôlée, j'ai d'abord montré, que la rigidité du substrat induit le renforcement des contacts intercellulaires. La stabilité de l'a-caténine, au niveau des zones de contacts cellule-cellule, ainsi que le recrutement de la vinculine et de l'actine augmentent avec la rigidité du substrat. De plus, l'analyse de la dynamique de cohésion des cellules et de la transmission des forces a révélé que la stabilité des contacts cellule-cellule et la transmission des forces ainsi que le mouvement collectif des cellules augmentent avec la capacité de l'a-caténine à lier la vinculine. Ainsi, l'interaction entre l'α-caténine et la vinculine est cruciale pour la mécanosensibilité et la mécanotransduction des adhésions dépendantes de la E-cadhérine. Cette interaction est nécessaire aux cellules pour développer des contacts intercellulaires stables et pour coordonner leurs mouvements lors de la migration cellulaire collective. Dans un contexte pathologique comme les phénomènes de cancérisation, la perte des contacts cellulaires est un des facteurs cruciaux pour le développement de métastases, signant ainsi la gravité et parfois l'échappement thérapeutique. La compréhension des mécanismes qui sous-tendent la stabilité des adhésions intercellulaires et la migration cellulaire est donc primordiale pour développer à plus long terme des thérapeutiques adaptées.