Peter Pan et la clinique du vide : étude psychanalytique et phénoménologique des états limites

• Auteur / Autrice : Camille Lauer
• Direction : Mareike Wolf-Fédida
• Type : Thèse de doctorat
• Discipline(s) : [Recherche en] psychopathologie et psychanalyse
• Date : Soutenance en 2014
• Etablissement(s) : Paris 7

Mots clés

Mots clés contrôlés

Barrie, James Matthew (1860-1937 ; écrivain)

Barrie, James Matthew (1860-1937) -- Peter Pan

Maturité affective

Temps (philosophie)

Créativité

Carence maternelle

Mères et enfants

Narcissisme

État-limite (psychiatrie)

Solitude

Vide (philosophie)

Résumé

Alors que la clinique contemporaine nous questionne par l'augmentation significative des prises en charge de pathologies ''aux limites'', nous nous proposerons, à partir des éclairages croisés psychanalytique et phénoménologique, de questionner le concept d'état limite en interrogeant la notion de ''vide'' à travers l'étude du personnage de Peter Pan mise en perspective avec la vie et l'oeuvre de son créateur, James Matthew Barrie. On peut ainsi imaginer que Peter Pan est né le jour du drame qui marquera toute la vie de Barrie, alors que celui-ci n'a que six ans : la mort de son frère aîné, David. Car Barrie va consacrer sa vie à tenter de consoler sa mère anéantie par le chagrin, jusqu'à véritablement disparaître subjectivement pour continuer d'exister dans son regard. Tentant vainement de remplacer ce frère mort et tant aimé, il ne put qu'incarner l'absence et vécut dans la terreur de grandir et de dépasser l'âge auquel son frère avait perdu la vie. Chez Peter Pan, victime de l'abandon maternel dévastateur pour sa psyché et qui ne peut dès lors se risquer à laisser s'imprimer la moindre trace de l'autre, cette absence prend la forme, ou plutôt ''l'informe'', d'un impensable puits sans fond, un fond sans bord, engloutissant, anéantissant tout sur son passage. Contraints de vivre tous deux au lendemain de leur propre mort psychique, Peter Pan et Barrie nous renvoient des questions douloureuses : comment vivre si l'on n'existe pas dans le regard de l'autre ? Et comment mourir si l'on n'a jamais existé ? Dévoré par le vide, Peter Pan nous permettra de penser ce vide à travers le modèle de la mélancolie et l'incarnation du non-vivant. Solitude, terreur des représentations liées à la vieillesse, façon de se vivre effrénée dans le temps et l'espace, quête de sensation extrêmes, construction en faux self permettant de tenir à distance des éprouvés insupportables. Peter Pan est un personnage éminemment moderne, et nous tenterons avec lui d'appréhender ce que je propose d'appeler une clinique du vide. Ces patients particuliers nous renvoient leur douleur d'un monde vécu désertique, et dévoilent dans l'ombre d'une mélancolie sans larmes la face sombre et désespérée de Narcisse, celle qui se noie au bord de son image.

Contemporary clinical studies show significant incrasing of ''up to the edge'' pathologies, beyond ''borderline''. According to this surprising observation, we will cross psychoanalysis and phenomenology, to understand better borderline statement what is emptiness in the Peter Pan character in perspective with his creator's life and work, James Matthew Barrie. Maybe Peter Pan was actually born on the day when Barrie's elder brother, David, died. He is six and he'll be affected in his own entire life. Indeed Barrie won't stop trying to comfort his destroyed mother. He will vanish as a subject, just in order to exist in his mother's eyes. Unsuccessfully trying to replace his dead brother, he could just embody void, absence, so he lives in the dread of growing up, and raise the age of his brother's death. Peter Pan, victim of his mother's desertion, that will ruin his psyche, can't since then ; no more take any risk in otherness. This absence seems to be an unfathomable well, a pitiless or edgeless well that engulfs, swallows, the all. Forced to live together after their both psychic death, Peter Pan and Barrie make us face very painfully questions : how is it possible to live with no existence in the other's eyes ? How is it possible to die if one has never been existed ? Engulfed by emptiness, Peter Pan will allow us to imagine this emptiness, through the profile of melancholia, and embodying of ''what is not living''. In loneliness and in dread of any symbol of oldness, with a high speed lifestyle in time and space, searching for extreme feelings, holding a false self-construction, allowing him to keep away from unbearably paintful feelings, Peter Pan is highly modern. Peter Pan will allow us the use of a clinical approach, I'd call : void clinical search. These singular patients make us face their pain : a desert living perception of the world. In a shade of melancholia, appears to us the dark desperate side of Narcissus, the one sinking in the edge of his own image.