Thèse soutenue

Identification de métabolites secondaires des plantes, protecteurs des photorécepteurs à cônes pour le traitement de la rétinopathie pigmentaire

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Auteur / Autrice : Alexandra Lyor Bouaziz
Direction : Thierry Léveillard
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Biochimie
Date : Soutenance le 29/09/2014
Etablissement(s) : Paris 6
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Cerveau, cognition, comportement (Paris ; 1992-....)
Partenaire(s) de recherche : Laboratoire : Institut de la vision (Paris ; 2009-....)
Jury : Président / Présidente : Isabelle Dusart
Examinateurs / Examinatrices : Marc Litaudon, Franck Himbert, Eric Duplus
Rapporteurs / Rapporteuses : Dominique Mattar, Julien Dairou

Résumé

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La rétinopathie pigmentaire est une maladie héréditaire qui se caractérise par la mort des photorécepteurs à bâtonnet suivie des photorécepteurs à cône, dont l'issue finale est la cécité. Du fait du caractère séquentiel de la pathologie, mon laboratoire a démontré grâce à un criblage à haut contenu d’ADNc de rétine neurale de souris sur des cultures enrichies en cône, l’existence d’une protéine trophique : le facteur trophique Rod derived Cone Viability Factor (RdCVF). Celui-ci est sécrété par les bâtonnets et protège les cônes. Nous avons mis à profit la technologie de criblage à haut contenu sur les cultures primaires enrichies en cônes ayant conduit à l’identification de RdCVF, afin d'identifier parmi une large collection d’extraits de plantes utilisées en médecine traditionnelle des métabolites secondaires ayant la capacité de promouvoir la survie des cônes. Ceux-ci serviraient à développer une seconde génération d’agents thérapeutiques pour le traitement de la RP. Le criblage de 800 extraits a conduit à l’identification de 30 plantes ayant une activité protectrice des cônes. Nous nous sommes concentrés sur les métabolites secondaires des feuilles d’une annonacée, Uvaria chamae, une plante médicinale originaire du Burkina Faso qui présentait une activité de survie robuste. Le fractionnement bioguidé de 5 kg d’extrait de feuilles d’Uvaria chamae a permis la production de 140 µg d’une fraction ayant une activité spécifique très élevée sur la survie et la morphologie des cônes. Cette quantité de matière étant jugée insuffisante pour caractériser la(es) molécule(s) active(s), nous avons réitéré le processus de purification à partir de 100 kg, ce qui a nécessité plusieurs étapes quasi industrielles compte tenu de la quantité de matière traitée. L’activité de survie et le maintien du caractère différencié des cônes ont été validés sur ce second fractionnement. Des étapes successives de purification et d'optimisation d'une fraction insoluble ont permis d’obtenir deux sous-fractions actives dont l’une présente un dégré de pureté élevé de 99,8 %. La caractérisation RMN de cette sous-fraction est d'ores et déjà en cours. Ces molécules actives seront ensuite validées chez la souris modèle de la pathologie rétinienne avant d’initier des études précliniques. À l’aide des fractions les plus actives, et en profitant des outils développés pour l’étude des mécanismes d’action du facteur trophique RdCVF, nous avons pu montrer que l’extrait d’Uvaria chamae induit la survie des cônes en stimulant la glycolyse aérobie, aussi connue sous le nom d’effet Warburg. Cet effet ne repose pas sur le récepteur de surface de RdCVF qui active l’effet Warburg par stimulation de l’entrée du glucose à travers un de ses transporteurs, GLUT1. La(es) molécule(s) ne sont pas des molécules agonistes du récepteur de RdCVF. Il semble que l’entrée du glucose et l’effet Warburg soient stimulés par Uvaria chamae par interaction avec une cible intracellulaire. À l’aide de données transcriptomiques, nous avons pu mettre en évidence l’expression spécifique par les photorécepteurs d’une enzyme de la famille des 6-phosphofructo-2-kinase/fructose-2,6-bisphosphatases, PFKFB2 qui produit un activateur allostérique de la glycolyse. Les études par ARN interférence en cours devraient permettre de valider cette cible et ainsi identifier les points de convergence entre le facteur de survie RdCVF et les métabolites secondaires des extraits de feuilles d’Uvaria chamae.