Thèse soutenue

Epistémologie du meurtre en série
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Auteur / Autrice : Andréas Wilmes
Direction : Maria Michela Marzano
Type : Thèse de doctorat
Discipline(s) : Philosophie
Date : Soutenance le 22/11/2014
Etablissement(s) : Paris 5
Ecole(s) doctorale(s) : École doctorale Sciences humaines et sociales : cultures, individus, sociétés (Paris ; 1994-2019)
Jury : Président / Présidente : Jacques de Saint-Victor
Examinateurs / Examinatrices : Maria Michela Marzano, Jacques de Saint-Victor, Denis Forest, Michel Terestchenko
Rapporteurs / Rapporteuses : Denis Forest, Michel Terestchenko

Résumé

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A partir de la fin du XIXe siècle, et notamment à travers les travaux de Richard Von Krafft-Ebing, de nouvelles représentations des perversions sexuelles humaines se mettent en place. La prise en compte de ces dynamiques dans l’homicide modifie les modes de classification des scènes de crime. Au XXe siècle, ces changements historiques conduisent à l’étude d’un phénomène rare et singulier : le meurtre sexuel sériel. Durant les années 1980, le F.B.I acquiert le monopole des savoirs et pratiques concernant la problématique des « serial killers ». De nos jours, ce monopole est remis en cause. Les profileurs du Bureau d’Investigation seraient les représentants d’une pratique pseudo-scientifique. Le serial killer serait avant tout une construction sociale initiée par la politique conservatrice des années Reagan. Selon certains psychiatres-psychanalystes, le F.B.I, en affirmant la place centrale des fantasmes sexuels dans la dynamique des crimes, aurait donné une image trompeuse du meurtre en série. A l’opposé, la présente étude entend démontrer que le principal enjeu n’est peut-être pas de déconstruire les discours du F.B.I, mais plutôt de confronter ces derniers à l’actualité des recherches scientifiques. Le profilage désignerait plutôt une méthode d’enquête dont les éléments de base sont susceptibles d’être corrigés et complétés. Sous cet angle, les modèles théoriques concurrents, notamment ceux défendus par la psychanalyse française, semblent également souffrir d’un certain nombre de difficultés. Certes, l’intensité des fantasmes sadiques ne peut pas être la seule dimension des actes criminels. Mais les fantasmes interagissent probablement avec les désirs et croyances des meurtriers. Si l’homicide sexuel sériel s’apparente, comme la plupart des commentateurs s’accordent à le dire, à une succession d’actes ritualisés, une approche anthropologique du phénomène pourrait avoir une certaine légitimité. Sous cet angle, des concepts tels que la psychopathie, la pulsion de mort ou l’omnipotence narcissique dissimulent peut-être l’existence d’un mécanisme victimaire à travers lequel les meurtriers engendrent leur propre religion ou mythologie.