Vers un renouveau de la fonction éducative dans les sociétés postmodernes
Auteur / Autrice : | Nataliya Chernyuk |
Direction : | Michel Maffesoli |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Sociologie |
Date : | Soutenance le 28/06/2014 |
Etablissement(s) : | Paris 5 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Sciences humaines et sociales : cultures, individus, sociétés (Paris ; 1994-2019) |
Jury : | Président / Présidente : Patrick Tacussel |
Examinateurs / Examinatrices : Michel Maffesoli, Patrick Tacussel, Jean-Martin Rabot | |
Rapporteur / Rapporteuse : Patrick Tacussel, Jean-Martin Rabot |
Mots clés
Résumé
Ce travail part du constat d’une crise persistante de l’institution scolaire française fondée sur le modèle républicain. Dès les années 1970, les sociologues « conflictualistes » ont disséqué et dénoncé les mécanismes qui font de l’école un facteur de reproduction des inégalités sociales. Au fil des gouvernements successifs ont été mises en œuvre de multiples politiques éducatives souvent au détriment de la cohérence et de l’efficacité. Les enjeux de la massification ont également pesé sur l’organisation et l’efficacité de l’école. De multiples indices révèlent une dégradation du climat scolaire ainsi qu’une baisse récurrente des performances scolaires des élèves, ainsi que le montrent notamment les enquêtes du Programme international pour le suivi des acquis des élèves (PISA). L’école française, formatée sur les valeurs de la modernité, apparaît aujourd’hui en rupture avec l’environnement sociétal et en perte d’efficacité.Il est proposé une analyse du phénomène à la lumière du paradigme de la postmodernité. L’institution scolaire fonctionne selon un système de valeurs hérité de l’époque moderne, caractérisée par la rationalité et la verticalité, l’individu étant supposé se conformer à un modèle. Ces valeurs, à l’image des institutions républicaines traditionnelles, apparaissent saturées et ne fonctionnent plus. Or, l’époque postmoderne se caractérise par l’émergence d’une topique de l’horizontalité, une nouvelle conception de l’altérité, une éthique de l’instant, une nouvelle conception de l’altérité. On observe également une résurgence d’archaïsmes et des valeurs du sensible. Cet ensemble de phénomènes, caractéristique des tendances à l’œuvre dans les sociétés postmodernes, opère une mutation des mentalités et des représentations, notamment chez les jeunes. En restant imperméable à ce nouvel environnement sociétal, l’institution scolaire républicaine est en discordance avec les individus qu’elle est en charge de former, et de ce fait, se disqualifie, devient inadaptée et « imperformante ».Une mutation pédagogique s’est amorcée au cours du 20ème siècle, grâce aux apports de la psychologie, et en premier lieu du constructivisme, dans le sens d’une meilleure mobilisation des fonctions psychologiques de l’individu en faveur de l’apprentissage. A partir des années 1960, l’évolution de la pédagogie a pu s’appuyer sur les travaux des psychologues humanistes qui ont amélioré la compréhension les mécanismes de la motivation et mis en évidence l’importance de concepts tels que l’estime de soi. Ces concepts ont contribué à une mutation pédagogique, qui s’est par ailleurs appuyée sur les recherches « processus-produits » ainsi que sur les pratiques réflexives d’enseignants. Cependant il apparaît manifestement que les apports de la psychologie et les résultats de ces recherches sont insuffisamment intégrés concrètement dans le processus éducatif en France.En tout état de cause, il demeure que la mutation pédagogique est inachevée tant que l’école ne se met pas au diapason de l’environnement sociétal. Selon le paradigme des théories de Jung appliquées à l’éducation, nous mettons l’accent sur le caractère archétypal de la relation enseignant-élève. Nous soulignons en outre des convergences avec les théories sur l’imaginaire. Nous entendons démontrer que la mise en œuvre appropriée d’une éducation « archétypale », tirant parti de la sensibilité, de l’intuition, de l’empathie et de la mise en résonance constitue un puissant vecteur d’éducation. La voie recherchée est celle de l’initiation de l’élève à la connaissance et à la valorisation de ses potentiels personnels. L’instauration d’une telle relation éducative repose actuellement sur une démarche individuelle de l’enseignant. Elle implique de ce dernier un travail préalable d’auto analyse. En conclusion, l’incorporation de ces concepts dans l’organisation de l’institution éducative...