La nostalgie dans l'œuvre d'Albert Camus
Auteur / Autrice : | Tomoko Ando |
Direction : | Didier Alexandre |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Littérature et civilisation françaises |
Date : | Soutenance le 03/10/2014 |
Etablissement(s) : | Paris 4 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Littératures françaises et comparée (Paris ; 1992-....) |
Jury : | Président / Présidente : Michel Jarrety |
Examinateurs / Examinatrices : Hiroshi Mino, Agnès Spiquel, Jean-Michel Wittmann |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Au début des Carnets, exprimant ce qui le pousse à créer, Albert Camus mentionne « la nostalgie d’une pauvreté perdue ». Une nostalgie ambiguë, qui ne signifie pas un simple regret du temps perdu, mais qui se relève du « sentiment bizarre » que le fils porte à sa mère silencieuse. Elle consiste en réalité dans l’aspiration douloureuse à la tendresse, qui est liée intrinsèquement à la misère de l’existence que l’auteur a vécue dans son enfance. Dans le but de raconter son passé, il élabore sa nostalgie comme essence de sa sensibilité. Signe de complexité, une telle captivité comporte de plus le regret et la mauvaise conscience à l’égard du milieu pauvre qu’il a quitté. Quoique paraissant ambiguë, le nom de nostalgie est juste, s’agissant de la quête de l’identité au fond : dans la sensibilité déchirée s’inscrit la recherche inassouvissable d’une véritable origine de l’être. D’où le fait que, dans le contexte existentiel, la notion del’absurde s’établit sur la sensibilité nostalgique : l’homme se trouve déchiré entre sa condition limitée et son aspiration à une vie de plénitude. Il choisit de tenir sa nostalgie déchirante comme le fond de son être, son axe de vie et sa raison de vivre. Pour l’homme absurde, la création littéraire n’est pas une option, mais la volonté de lucidité et de liberté, en vue de « donner aux couleurs le pouvoir d’exprimer le vide ». L’oeuvre figure la dialectique de la présence et de l’absence, ce qu’expriment par moyens divers les romans camusiens. Enfin, le dernier Camus exprime la nostalgie de la patrie en tant que quête consciente de sonorigine, du « soleil enfoui », qui l’attire et le dirige, qu’il connaît depuis toujours.