La vision tragique du monde chez les Grecs : (Homère, les tragiques et Platon)
Auteur / Autrice : | Khosrow Yazdani Zenouz |
Direction : | Monique Dixsaut |
Type : | Thèse de doctorat |
Discipline(s) : | Philosophie |
Date : | Soutenance le 14/03/2014 |
Etablissement(s) : | Paris 1 |
Ecole(s) doctorale(s) : | École doctorale Philosophie (Paris ; 1998-....) |
Partenaire(s) de recherche : | Laboratoire : Philosophie, histoire et analyse des représentations économiques (Paris ; 2001-....) |
Jury : | Président / Présidente : Luc Brisson |
Examinateurs / Examinatrices : Monique Dixsaut | |
Rapporteur / Rapporteuse : Jean Frère, Pierre Manent |
Mots clés
Mots clés contrôlés
Résumé
Ce travail se propose d'examiner la vision tragique des Grecs, en partant de son origine, Homère, pour voir ensuite comment elle se maintient, s'intensifie et parfois même se trouve abandonnée (chez Eschyle et Sophocle), puis se trouve enfin radicalement combattue par la théologie sotériologique de Platon. La vision tragique est une vision religieuse, structurée par la hiérarchie des destins -ceux des dieux, des héros, des hommes vivants et des habitants de !'Hadès. Entre la race des dieux et celle des hommes s'ouvre un abîme : les dieux ne sont pas mortels et les humains ne sont pas immortels. L'ingérence constante des dieux dans les affaires des hommes a le plus souvent comme résultat la souffrance, le malheur et la mort. Le monde d'après la mort est un lieu où les psychai demeurent, telles des ombres, inconscientes de leur propre existence et de celle des autres. Au cœur de cette vision, l'homme n'est pas libre et ne choisit pas, il n'est pas responsable de ses actes et ne mérite pas ce qu'il subit. Si l'on supprime une seule de ces quatre croyances fondamentales, ou si on assiste à une décision prise par un dieu bon, juste ou compatissant, on ne peut parler de vision tragique. Ce travail s'attache donc essentiellement aux textes où elle s'est exprimée dans toute sa pureté: Homère (L’Iliade), Eschyle (Les Perses), et Sophocle (Les Trachiniennes, Ajax, Antigone et Œdipe roi). Une attention particulière est portée aux mots qui la traduisent. Mais une vision différente s'oppose dès l'Odyssée et l'Orestie, vision anti-tragique qui trouve sa forme achevée dans la religion de Platon. La dernière partie de ce travail s'efforce d'en dégager les points principaux. Platon estime qu'il existe en l'homme un élément de nature divine et immortelle, d'où la substitution d'une théologie de la délivrance et de l'assimilation au divin à une théologie de la séparation. Le sage remplace le héros, ce n'est plus la mort glorieuse qui est une « belle mort» et qui doit être chantée, c'est celle de Socrate, le servant d'Apollon. Selon cette pensée philosophico-religieuse, l'homme est libre, il choisit et il est responsable, et mérite donc désormais les châtiments et les récompenses qui lui sont réservés. De plus, la théologie platonicienne est fondamentalement une théodicée: les dieux ne peuvent être que bons, l'origine du mal réside dans l'existence de deux âmes du Monde: une bonne et une mauvaise. Le message de la théologie tragique est la résignation devant le mystère. Platon se donne pour mission divine d'acheminer l'âme vers le salut, et, avec cette théologie anti-tragique, il crée un lien différent entre les dieux, les sages, les hommes, le destin, l'après-mort et la psychè.